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LES
GUEUX DE MER

II.[1]
LA TERREUR DANS LES FLANDRES.


I

Parti de Madrid le 15 avril 1567, le duc d’Albe s’était embarqué le 10 mai à Carthagène. Les galères d’André Doria le transportaient, avec la majeure partie de ses troupes, à Gênes. De Gênes il lui fallut trois mois pour gagner, par le Mont-Cenis, la Savoie, la Bourgogne et la Lorraine, la frontière du Luxembourg. Le 22 août seulement il entrait à Bruxelles. On voit, par cet exemple, de quelles difficultés se trouverait entourée, pour la monarchie espagnole, une action militaire dans les Pays-Bas, le jour où Philippe II ne pourrait plus compter sur les troupes wallonnes[2], et où la voie de mer lui serait fermée.

Le duc amenait, dans les provinces que Philippe II confiait à sa main de fer, 20,000 hommes environ, vingt mille hommes dont les longues guerres du Milanais avaient fait des soldats

  1. Voyez la Revue du 15 septembre.
  2. Le pays wallon comprenait la majeure partie des territoires dont se compose aujourd’hui la Belgique. C’était une pépinière d’excellens soldats. On y parlait généralement le français.