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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 108.djvu/724

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l’Extérieure à 62, le Hongrois et l’Italien aux environs de 87, le Turc à 16.65, l’Unifiée à 467.50, les Tabacs ottomans à 320, la Banque de Paris à 660, le Crédit foncier à 1,160, le Suez à 2,640.

Le coup d’État du maréchal Fonseca à Rio-de-Janeiro avait en même temps fait tomber de plus de dix unités les fonds brésiliens ; 4 1/2 et 4 pour 100 se tenaient au-dessous de 50.

Il y avait une exagération manifeste dans cette réaction générale qui prenait des allures de panique. Ni la grève du Pas-de-Calais ni les informations alarmistes sur la disette en Russie ne pouvaient justifier une pareille dépréciation. Il suffisait du premier retour offensif des acheteurs pour déterminer un revirement complet.

Dès le 16, ce revirement se dessina et presque tout aujourd’hui a repris une bonne partie de ce qui avait été perdu dans la tempête. Divers incidens intérieurs et extérieurs ont facilité le rétablissement de cours meilleurs sur toute la ligne. Le voyage de M. de Giers à Paris a donné une force nouvelle à l’interprétation pacifique de l’entente franco-russe. M. di Rudini a prononcé un grand discours aussi pacifique et optimiste que celui du marquis de Salisbury au banquet du lord-maire. L’empereur d’Autriche a ensuite parlé de la paix, puis le comte Kalnoky et enfin le chancelier allemand, M. de Caprivi, dont les déclarations ont été interprétées comme une des manifestations les plus significatives pour la tranquillité de l’Europe.

A un autre point de vue, quelques-uns des principaux sujets d’inquiétude ont encore disparu. La Banque d’Angleterre a élevé le taux de son escompte à 4 pour 100, mais rien ne fait prévoir qu’elle soit obligée d’aller plus loin, et par conséquent il n’y a plus à redouter ni le taux de 6 pour 100, ni même celui de 5 pour 100.

En Espagne, une crise ministérielle partielle a enlevé le portefeuille des finances à M. Cos-Gayon et porté M. Camacho au poste de gouverneur de la Banque d’Espagne. Au Brésil, une émeute a éclaté contre la dictature du maréchal Fonseca, et celui-ci s’est retiré laissant le pouvoir au vice-président. La spéculation profite de la chute du nouveau Balmacoda pour faire regagner dix à douze points aux rentes brésiliennes. Il en a été reperdu quatre ou cinq immédiatement ; aujourd’hui ces fonds sont cotés 59 et 63 environ.

A mesure que le moment de la liquidation se rapprochait, l’attitude du marché s’est raffermie.

Le syndicat et le gouvernement russe ont racheté une forte partie de l’emprunt 3 pour 100 et de plus libéré complètement les titres achetés, en sorte qu’aujourd’hui plus de 650,000 titres sont libérés, sur un million de titres existans. Le gouvernement étant acheteur d’une partie du solde non libéré, les vendeurs à découvert de ce dernier fonds se sont trouvés pris. Ils ne peuvent livrer ce qui n’existe plus et sont