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LES DUPOURQUET.

vespa vitis, permettez-moi donc d’aborder le véritable but de notre visite : j’ai l’tionneur de vous demander pour mon fils la main de Mlle Thérèse… George n’apporte, à peu de chose près, que son nom, son titre, l’histoire glorieuse des nôtres, et j’estime que c’est assez…

Génulphe l’interrompit, confondu en protestations reconnaissantes :

— Monsieur le baron, je vous en prie ; trop d’honneur, vraiment ! l’abbé Roussillhes m’avait bien dit, et je n’ai pas hésité un instant !..

Maintenant, les d’Escoublac se levaient, brusquant avec une hâte visible les expansions de la fin, affichant une belle insouciance au sujet de cette dot, qu’ils étaient venus chercher, et dont Génulphe, très excité, s’évertuait à préciser le chiffre.

— Voyons, cher monsieur, c’est moi qui vous supplie de ne pas insister ; nous avons toute confiance… Puis, il serait malséant d’entamer devant ces enfans une discussion d’affaires ; restons-en là, s’il vous plaît !

Il saluait cérémonieusement pour prendre congé ; alors, les Dupourquet, devenus familiers, se récrièrent :

— Mais vous n’allez pas partir ainsi, tout de suite, que diantre I C’est à peine si on s’est vu,., il faut bien laisser aux fiancés le temps de faire connaissance, Thérèse va nous jouer un petit morceau.

Et Génulphe, penché vers George, lui glissa tout bas, dans un clignement d’yeux confidentiel :

— Demandez-lui donc la Prière d’une vierge !


XV.

C’était un mois plus tard, en octobre.

Dupourquet et Julien arpentaient lentement l’avenue, les yeux à chaque instant portés au loin, sur la route.

Le jour tombait. Là-bas, vers l’ouest, c’était un embrasement rouge des coteaux de Duravel et de Touzac, dont les masses touffues de châtaigniers et de chênes se doraient aux splendeurs du couchant.

— Donc, mon garçon, c’est irrévocable, tu persistes à vouloir nous quitter ?

— Il le faut, répondit Julien nettement, ma place n’est plus ici. Dans le principe, j’ai cru que ça pourrait marcher, que M. d’Escoublac suivrait votre exemple à tous, aurait pour moi quelques

égards, mais il faut en rabattre. Je ne suis et ne serai jamais pour lui qu’un valet mieux appris que les autres, à qui il s’adresse de