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été moins heureux. Le Valois, le « Tour de Marne, » Fontainebleau, la forêt de Fontainebleau, les « Vallées agrestes, » celle de l’Orge, celle de l’Yvette, celle de la Bièvre, Versailles et ses environs, Rambouillet, Saint-Germain, Saint-Denis et la vallée de l’Oise, l’Ile-de-France, en un mot, pour faire à votre tour les mêmes excursions, vous ne sauriez choisir de guide mieux informé ni plus sûr que M. Louis Barron, ou plutôt, non, vous n’avez même pas à vous déranger, et du fond d’un fauteuil, tout ce qui vous échapperait, si vous ne prétendiez vous en fier qu’à vos yeux, vous le verrez dans son livre.

De dire que nous connaîtrons prochainement l’Afrique centrale aussi bien que l’Ile-de-France, assurément ce serait exagérer : il n’en est pas moins vrai que depuis déjà quelques années les renseignemens abondent sur « les Indes noires, » plus circonstanciés, plus précis peut-être, et plus certains, à ce qu’il semble, qu’aucun de ceux que nous ayons sur le continent jaune. On en trouvera de nouveaux encore dans les deux volumes du capitaine Binger : Du Niger au golfe de Guinée[1], illustrés d’une carte d’ensemble, de nombreux croquis, et de cent soixante-seize gravures, comme dans le livre de M. Gaetano Casati, traduit par M. Louis de Hessem : Dix années en Equatoria[2], illustré de cent quarante gravures et de plusieurs planches en couleur.

Nous n’avons point, sans doute, à présenter à nos lecteurs le capitaine Binger, non plus qu’à exposer ici des « vues » sur l’expansion coloniale de la France. Il faudrait d’abord que nous en eussions ; et en vérité celles des autres nous ont paru jusqu’à présent si troubles, pour ne pas dire si contradictoires, que nous n’en avons encore pu rien dégager d’assez net. Mais cela ne saurait, comme on l’entend bien, nous empêcher de rendre à tant de courageux explorateurs l’hommage de sincère admiration qu’ils méritent pour leur courage, pour leur ténacité, pour leur confiance, pour les services qu’ils ont déjà rendus, pour les espérances, enfin, qu’ils ont fait naître et qu’ils entretiennent. Le capitaine Binger ne sera certainement compté ni parmi les moins hardis, ni parmi les moins heureux. Bien moins encore méconnaîtrons-nous l’intérêt scientifique ou même vraiment philosophique de ces grandes, patientes, et pénibles explorations. Quand elles n’habitueraient l’esprit qu’à sortir un peu des frontières où le renferme trop souvent une éducation trop étroite, et de loin en loin à songer que nous ne sommes pas les seuls hommes, ce serait déjà quelque chose. Mais on sait assez ce que la science proprement dite, et notamment l’histoire naturelle, ce que l’ethnographie surtout, ce que la linguistique, ce que l’histoire des religions, — toutes choses liées

  1. 2 vol. in-4o ; Hachette.
  2. 1 vol. in-4o ; Firmin-Didot.