L’île d’Amorgos, si je dois croire les récits pompeux d’un diplomate grec, rencontré dans un bal d’Athènes, est renommée pour la beauté de ses femmes. Ce n’est pas pour cette raison que j’y suis allé. Des motifs plus austères m’y ont conduit : j’ai entrepris de me fixer pendant quelques semaines dans la patrie de Simonide, afin de voir si dans son sol où Ross, Reinach, Dubois, Radet, ont déjà retrouvé des vestiges précieux, elle ne recèle pas quelques statues archaïques et quelques inscriptions « de la bonne époque. » Je ne vous exposerai pas, en détail, les résultats de mes fouilles, qui me donnèrent surtout beaucoup de tribulations ; elles me mirent en guerre ouverte avec les habitans du pays, qui voulaient me vendre très cher le droit de labourer leurs champs et m’obligèrent même à réclamer le secours d’un juge de paix fort partial, devant lequel, malgré une plaidoirie en grec moderne, je perdis naturellement mon procès. Mais si je n’ai pas découvert une Vénus d’Amorgos, qui est encore à naître et que la législation des Grecs empêchera,