les célèbres traités de 1860 entre la France et l’Angleterre que suivit bientôt, de la part de toutes les nations d’Europe, un ensemble de contrats sur le même type et dans le même esprit.
Il n’entre pas dans notre plan d’étudier ces conventions soit dans leurs clauses, soit même dans leurs effets. Ce qui est certain, c’est que dix et quinze ans après, malgré des fléaux de toute sorte, dont l’un ruineux en hommes et en capitaux, la guerre de 1870-1871, la France étonnait le monde entier par sa richesse acquise et par l’élasticité de ses ressources. Certes, les traités de 1860 ne l’avaient ni appauvrie, ni affaiblie, ni privée de cet esprit d’initiative qui vaut encore mieux que la richesse.
Des circonstances très diverses vinrent, cependant, faire perdre quelque terrain aux idées économiques libérales à partir de 1877 et plus encore de 1880. Le peuplement de l’Amérique et le perfectionnement des voies de transport amenèrent sur nos marchés à des prix auxquels on ne s’était pas attendu, les produits de l’agriculture américaine. Un fléau sans précédent, le phylloxéra, ruina le midi de la France. D’un autre côté, M. de Bismarck, beaucoup moins par conviction économique que pour constituer, avec des droits de douane élevés, des ressources au nouvel empire, poussa l’Allemagne dans la voie protectionniste ; l’Italie, l’Autriche, quelques autres États plus ou moins besogneux et avides de se transformer prématurément et artificiellement en nations industrielles l’y suivirent. Les industries françaises virent donc s’élever à l’étranger des barrières qui arrêtèrent leurs produits ou en restreignirent le débouché.
On persista encore, néanmoins, dans la voie des traités de commerce, et l’on conclut ceux de 1881 qui vont expirer demain. Ce qui contribua le plus à aliéner au régime des traités de commerce une partie de l’opinion, ce fut le phylloxéra. Les départemens du Midi autrefois, notamment ceux du Midi méditerranéen, comptaient parmi les plus fidèles défenseurs de la liberté commerciale ; à l’heure présente, ils sont les plus entêtés de protectionnisme. Une clause malheureuse du traité de commerce de 1881 avec l’Espagne a particulièrement irrité les méridionaux, et nous devons le dire très légitimement : on recevait en France, moyennant le droit infime de deux francs par hectolitre, tous les vins espagnols et, au moyen de l’application de la clause de la nation la plus favorisée, tous les vins étrangers jusqu’à un poids d’alcool de 15° 9 par hectolitre. Les rédacteurs du traité de 1881 n’avaient évidemment pensé qu’aux anciens vins d’Espagne, récoltés sur des coteaux, avec des cépages peu producteurs et de vieilles vignes, médiocrement ou nullement fumées. Ceux-là pouvaient, en effet, peser fréquemment de 12 à 15 degrés d’alcool.