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l’Allemagne posait son pied sur la rive d’Angra-Pequeña, et on allait essayer le système anglais des volontaires. La vraie cause en était la pénurie d’argent, ce qui n’empêche pas que, dès cette époque, le Cap employait chaque année six ou sept millions de francs à l’entretien de son état de défense. Un petit budget ne va pas loin avec les hautes paies de corps spéciaux, encore bien plus onéreux que des régimens de ligne britanniques. Lorsque défense signifiait uniquement garde de la frontière contre les Cafres et surveillance intérieure des tribus, le seul genre de troupes utile et nécessaire était une force permanente de soldats réguliers, bien choisis, recrutés par voie d’engagement à long terme, aimant à se réengager et acquérant ainsi une expérience consommée, locale. Aujourd’hui la question change d’aspect. Ces professionnels, on ne peut les obtenir qu’à un prix exorbitant. La colonie possède un bataillon d’élite d’infanterie montée, les Cape mounted riflemen, stationné sur les confins orientaux. Voilà huit cents hommes, levés en Angleterre, qui lui coûtent deux millions sept cent mille francs par année. À ce compte une armée de quinze mille hommes coûterait cinquante millions. Un soldat touche de cinq francs soixante à sept francs cinquante par jour, selon sa classe, sauf des retenues de masse individuelle et de masse générale qui ne peuvent, réglementairement, s’élever au-dessus de cinquante francs par mois. Les hommes achètent leurs chevaux et reçoivent pour cela une prime de deux cent cinquante francs. La solde d’un sergent varie entre huit francs soixante-quinze et onze francs vingt-cinq par jour ; celle d’un capitaine est de trente, avec augmentation progressive jusqu’à cinquante. Le lieutenant-colonel a quinze mille francs fixes et sept mille cinq cents casuels, mais ceux-ci assurés. Les soldats et sous-officiers rengagés après cinq ans de service touchent un supplément quotidien d’un franc vingt-cinq, qui s’accroît encore au bout de trois nouvelles années. En sorte qu’un simple sergent rengagé peut jouir, toutes retenues faites pour équipement, armes, chevaux, rations, etc., d’un traitement annuel de quatre mille francs, et se trouve en partie défrayé. Nous avons des sous-préfets plus malheureux.

Il y a encore une police à pied et à cheval, distincte de la police civile, utilisable en cas de guerre. Son effectif est de sept cents hommes, avec trente-huit officiers. Goût : plus de quatre millions. La cherté d’entretien de ce corps tient à ce que son service exige de continuels déplacemens.

Par l’institution des volontaires on espérait obtenir de suite une petite armée à peu de frais, et on y a réussi en apparence. Le chiffre total des inscrits est d’environ trois mille sept cents hommes,