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Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 110.djvu/358

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LE
ROMAN CONTEMPORAIN
ET
LE NATURALISME EN ALLEMAGNE

I. Mielke (Hellmuth), Der deutsche Roman des 19ten Jahrhunderts. Braunschweig, 1890. — II. Ed. de Morsier, Romanciers allemands contemporains. Paris, 1890. — III. Der Realismus vor Gericht. Leipzig, 1890.

L’Allemagne a vu se réaliser, en 1870, avec son unité nationale, le plus cher de ses vœux. Vingt ans se sont écoulés depuis qu’un nouvel empire allemand s’est fondé sous l’hégémonie de la Prusse victorieuse. L’intervalle est assez grand déjà pour que les conséquences les plus importantes du nouvel ordre de choses commencent à se dégager nettement, et à prendre une consistance historique. Il en est que l’Allemagne avait désirées avec presque autant de passion que l’unité politique même : la prépondérance dans les conseils de l’Europe, où les États allemands, divisés et rivaux, ne pouvaient jouer auparavant qu’un rôle subordonné ; le développement de l’industrie et de la richesse nationales, la formation d’une marine de commerce et d’une marine de guerre, qui portent le pavillon allemand dans les mers les plus lointaines, et s’essaient à fonder en Afrique un tardif empire colonial. D’autres conséquences, plus fâcheuses, ont aussi apparu avec le temps : la plaie vive de l’Alsace-Lorraine qui ne veut pas se fermer, et qui est pour l’Allemagne plus qu’une gêne, un point douloureux et dangereux ; la résistance, défensive et offensive, des catholiques allemands aux prétentions du nouvel empire « évangélique, » et enfin le progrès