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CHATEAUBRIAND
A PROPOS D'UN LIVRE RECENT[1]

M. de Lescure vient de nous donner le Chateaubriand, dans cette galerie des Écrivains français qui compte déjà tant d’agréables portraits et deux ou trois petits chefs-d’œuvre. C’est justice de remercier ici l’initiateur de cette utile entreprise, M. Jusserand, qui en poursuit l’achèvement avec un zèle infatigable. On lui doit d’autant plus d’éloges qu’on met plus de paresse à lui obéir. Nos vieux maîtres auront par ses soins leur Panthéon ; l’on gravera sur le fronton cette devise : Aux grands hommes les lettrés reconnaissans — et désireux de les faire revivre, ne pouvant les faire oublier.

Malaisée est la tâche des collaborateurs qui s’attaquent à nos premiers personnages littéraires. Comment réduire aux dimensions de la miniature, comment présenter sous un jour nouveau ces grandes figures, tant de fois étudiées ? Je plaignais à l’avance M. de Lescure. Il s’est tiré de ces difficultés à son honneur, en insistant sur la biographie de Chateaubriand avec sa conscience habituelle, avec sa curiosité informée. Il puise aux meilleures sources, il écarte le douteux ; le portrait qu’il nous montre reste dans la bonne vérité moyenne. On lui reprochera peut-être d’avoir glissé trop rapidement sur l’œuvre : trois pages pour le Génie du christianisme, c’est peu. Mais attendait-on un nouveau

  1. Les Grands Écrivains français. — Chateaubriand, par M. de Lescure ; Hachette, 1892.