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Cent trente-six tombes ont été ouvertes sous la direction de M. Gsell. Il a pris tout d’abord le double soin de relever l’architecture et, pièce par pièce ou peu s’en faut, le contenu de chacune d’elles. La première partie de son livre est consacrée à cette description, commentée par une suite de dessins géométriques, et à ce catalogue raisonné, qui définit chaque principal objet. On comprend que l’auteur trouve dès ici une double source d’indications chronologiques. La distinction est déjà connue, dans la science, des tombes à puits, à fosse, à chambre. Nul ne confondra, même sans étude, les tombes formées de deux puits cylindriques superposés, contenant l’urne des cendres déposée au bas, avec ces tombes élégantes, aux plafonds et aux murs peints et sculptés comme ceux des chambres des vivans, et munies de banquettes pour étendre le cadavre, telles qu’on les voit à Corneto et à Cervetri. Il est assez manifeste par leur seule construction que celles-ci sont moins anciennes que les autres, et certains degrés entre ces deux extrêmes se marquent clairement. Les mobiliers funéraires ne diffèrent pas moins entre eux ; il devra suffire d’en établir un classement logique, — œuvre malaisée, il est vrai, — pour que ces diversités apparaissent, et avec elles les effets de vicissitudes qui sont celles de l’histoire, c’est-à-dire les influences subies soit à la suite de changemens intérieurs, soit après des importations étrangères.

Il va de soi que l’auteur se trouve immédiatement aux prises avec des questions comme celles-ci, qui se posent d’elles-mêmes : A quels états de civilisation, à quelles périodes chronologiques correspondent ces différens âges des tombes à puits, à fosse, à chambre ? M. Gsell ne veut pas qu’on lui adresse les autres questions que celles-ci engagent. Avec une extrême prudence dont on ne saurait trop le louer, il se défend des conclusions hâtives : il prétend s’enfermer non pas même dans la seule nécropole de Vulci, mais dans le seul cercle des cent trente-six tombes qu’il a étudiées. « Le moment n’est pas venu, écrit-il, d’entreprendre une étude complète de cette nécropole ; elle contient des milliers de tombes, et de nouvelles fouilles faites avec méthode y pourraient avoir d’importans résultats. Je me suis proposé seulement de classer chronologiquement les tombes que nous avons ouvertes, et d’indiquer les ressemblances qu’elles présentent, soit par leur construction, soit par leur matériel, avec les tombes étrusques ou italiennes déjà connues. » Qui ne devine qu’en récompense de sa discrète réserve, il nous instruira beaucoup plus qu’il n’aspire à le faire, et sur ces questions-là mêmes, difficiles entre toutes, qu’il n’a pas prétendu résoudre ? En effet, pour établir ces divers degrés de civilisation que son but est de rechercher, il lui faudra