paroissiales auraient élu les municipalités d’arrondissement, qui, elles-mêmes, auraient nommé les municipalités de province. Turgot et son ami Malesherbes virent ces projets rejetés par le roi, grâce à l’opposition de courtisans qui devaient perdre et la monarchie et leur infortuné monarque.
Si le Berry fut choisi entre toutes les provinces de France pour qu’il y fût fait le premier essai d’une assemblée provinciale, c’est parce que le roi en avait, avec joie, porté le titre de duc pendant vingt ans, que le pays était absolument monarchique, et que les esprits y étaient devenus très calmes depuis que Louis XIV les avait menés à la baguette. La chute de Necker réduisit cet essai à néant, et la misère des campagnes se perpétua ; les bras manquaient faute d’une juste rétribution ; les communautés des cultivateurs dont on avait fait l’essai n’enrichissaient que les chefs. « Nos journaliers, disait le rapporteur de la troisième et dernière assemblée de 1786, nos métayers sont des esclaves qui se vendent à nous à court terme, mais que nous abandonnons à la misère, du moment où ils cessent de nous être nécessaires, que nous punissons en leur ôtant leur pain, du moment où nous en sommes mécontens ; à qui nous laissons l’éducation de leurs enfans, qui seront de même un jour nos esclaves ! .. La plupart expient par une longue misère, souvent dans les prisons, quelquefois sur l’échafaud, le crime d’être nés de parens pauvres et incapables de leur donner aucune instruction. Ils sont libres cependant, ces hommes qu’on nomme citoyens ; mais leur liberté n’est que celle de changer de maîtres… Ils sont libres, mais c’est de travailler ou de mourir de faim ; trop heureux encore si le travail ne leur manquait pas ou si on leur en faisait contracter l’habitude de bonne heure, et qu’on ne leur laissât pas le temps de la perdre ! .. En Pologne, en Russie, cette condition de nos hommes libres paraîtrait sans doute très déplorable aux serfs que nous plaignons ; et cependant, que devient la terre, toujours tenue précairement et à temps par des hommes qui ne voient dans les améliorations possibles que la certitude d’une augmentation de charges ! »
Les trois seules assemblées provinciales qui avaient eu lieu à Bourges firent deux choses utiles : la première, en ouvrant des voies de communication qui manquaient, le Berry ne comptant alors que quatre-vingt-douze lieues de routes royales ; la seconde, en abolissant la corvée qui y représentait trois cent vingt mille journées de manœuvres, quatre-vingt-seize mille journées de voituriers, et cent quatre-vingt-douze mille journées d’un cheval ou d’une paire de bœufs. On évaluait à 624,000 livres la somme de travail qu’elle dérobait aux gens de la campagne. Elle fut remplacée par la taille, jusqu’à cette grande aurore de 1789, qui éclaira