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organes tirant une fois, deux fois, trois fois par semaine. Les Hollandais ont une presse moins riche, quoiqu’ils soient plus nombreux.

Le Zuid-Afrikaan, de Cape-Town, trihebdomadaire, l’Afrikaanse Patriot, de Paarl, et l’Afrikaner, de Cradock, hebdomadaires, voilà pour les feuilles politiques ; le Volksbode, le Kerkbode sont des feuilles religieuses[1]. Il existe, de plus, une revue, la Zuid-Afrikaansche Tijd-Schrift. Tout cela se lit dans les campagnes et dans les républiques voisines. Le Zuid-Afrikaan est un modèle au point de vue polémique. Son rédacteur en chef, Hollandais d’Europe, ancien professeur, historien, helléniste, tient parfaitement tête aux plus distingués de ses confrères anglo-saxons. Un étranger, sans ce journal, risquerait beaucoup de ne jamais rien comprendre aux choses du Cap : la presse anglaise n’en donne qu’une idée incomplète ou fausse. Dans l’État-Libre, l’Express de Bloemfontein paraît trois fois par semaine, en deux langues. Il est flanqué du Friend of the Free State, organe anglais. Au Transvaal, la presse britannique compte aujourd’hui une douzaine d’organes contre quatre hollandais : le Volksstem, le Volksraad, le Land en Volk et la Press. Cette dernière feuille se double d’une édition anglaise. Elle passe pour officieuse et est rédigée par un Allemand.

On a donc le spectacle singulier d’un pays habité par deux races, dont l’une possède incontestablement la suprématie parlementaire, tandis que l’autre semblerait y faire l’opinion publique. En réalité, l’opinion qui pèse davantage est celle des colons hollandais ; mais ils sont moins bruyans. La culture littéraire leur manque un peu, ou celle qu’ils ont reçue est tout anglaise. C’est ce qui pourra changer dans un avenir prochain. Sans revenir sur la question du langage, nous devons parler aussi de l’enseignement.

Dans la colonie, on trouve au bas de l’échelle l’instituteur libre, entretenu par un boer ou par plusieurs boers voisins et associés. Le gouvernement favorise ces combinaisons par quelques légers subsides ; toutefois, il les considère comme des pis-aller. Au-dessus viennent des écoles primaires de trois classes, fondées par des comités locaux, subventionnées et surveillées par l’administration. Enfin, des collèges qui préparent à l’examen d’immatriculation, l’équivalent de notre baccalauréat, et même à celui de « bachelier ès-arts, » dans les lettres et les sciences. Quant à l’université, comme la plupart de ses pareilles dans le royaume-uni, ce n’est pas un corps

  1. Depuis la création du Taalbond, de nouveaux organes néerlandais ont commencé à paraître.