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Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 111.djvu/388

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chemin de leurs îles, où la nature se complaît au contraire à étaler toutes les séductions de la flore la plus merveilleuse.

Les navigateurs portugais, espagnols et hollandais, qui pendant deux siècles monopolisèrent le commerce des grandes Indes, ne tentèrent point non plus de fonder d’établissemens sur ces côtes inhospitalières vers lesquelles les courans entraînaient parfois leurs galions. Seuls, les Hollandais, prenant comme base d’opération la capitale de leurs possessions asiatiques, équipèrent à Batavia une série d’expéditions ayant pour but de s’assurer des ressources que ces contrées australes pouvaient offrir à leur entreprise. Ces expéditions leur apprirent qu’à une grande distance vers le Sud s’étendait une terre inculte, habitée par des tribus sauvages, généralement composées d’un nombre restreint d’individus à l’aspect repoussant et farouche. De produits naturels d’une exploitation facile, il n’y avait point trace, et les indigènes étaient trop peu nombreux, trop misérables et trop sauvages pour que l’on pût espérer en tirer aucun parti. Les Hollandais n’étant pas colonisateurs dans le sens véritable du mot, ne trouvant sur ces rivages arides ni richesses dont ils pussent aisément s’emparer, ni populations industrieuses et paisibles à exploiter, se contentèrent de donner au continent austral un nom que la postérité ne devait même pas conserver, car, depuis la découverte de l’or et la formation des divisions politiques qui existent aujourd’hui, le nom de la Nouvelle-Hollande a disparu de la nomenclature géographique.

Ce ne fut que vers la fin du XVIIIe siècle que les Européens commencèrent à songer sérieusement à s’établir en Australie. La Hollande ayant abandonné la partie, la France et l’Angleterre entrèrent dans la lice, poussées toutes deux par le même instinct colonisateur qui les entraînait à peupler des plus virils élémens de leurs races, les vastes solitudes du Nouveau-Monde, et par la même rivalité commerciale qui les mettait alors aux prises dans la péninsule hindostanique. Cette rivalité, doublée d’une égale ardeur pour les découvertes géographiques et la solution des importans problèmes d’astronomie pratique qui intéressaient à un si haut degré l’Europe intelligente, amena donc presque en même temps ces deux nations, représentées chacune par leurs plus célèbres marins, Cook et La Pérouse, dans les mers si longtemps inconnues qui baignent au levant et au sud les rives du continent austral. Engagée bientôt après dans une lutte formidable, la France dut abandonner à sa rivale plus heureuse la tâche de réaliser le rêve.de colonisation que toutes deux poursuivaient, et l’Angleterre s’empressa de constituer son occupation à Botany-Bay, en une prise de possession du continent tout entier. Le XVIIIe siècle était près de sa dernière