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s’étaient engagés à obtenir de leurs parlemens respectifs la nomination d’un nombre proportionnel de délégués à une convention nationale australasienne, chargée d’élaborer, au nom des législatures coloniales participantes, un projet de loi pour l’établissement d’une constitution fédérale.

Cette convention, à laquelle aucune colonie ne fit défaut, se réunit à Sydney, la métropole et la mère des grandes cités australiennes, sous la présidence du vieux tribun qui était en réalité l’auteur de son existence. Les délégués délibérèrent pendant six semaines, et adoptèrent à l’unanimité un projet de loi constituant la fédération des colonies australiennes, et créant une nouvelle nationalité et un nouveau facteur politique sous le titre de The Commonwealth of Australia. La principale part dans la rédaction de cette constitution appartient au premier ministre de Queensland, sir Samuel Griffith, jurisconsulte distingué, qui mérite d’être considéré comme le Sieyès de la constitution nationale de l’Australasie.

Les grandes lignes de la constitution adoptée par la convention sont à peu près les suivantes :

Les colonies australasiennes qui en acceptent les clauses formeront une communauté fédérale sous la dépendance de la couronne britannique désignée par le titre The Commonwealth of Australia. Ce titre de Commonwealth, qu’il est assez difficile de traduire exactement en français, rappelle de bien près la révolution qui renversa la monarchie des Stuarts. Il signifie à la fois communauté d’intérêts et république, et malgré la forme aristocratique sous laquelle on a tenté d’en déguiser la vraie signification, en plaçant la reine d’Angleterre au sommet de la constitution et créant une sorte de cour de vice-royauté autour du gouverneur-général, son représentant direct, il est difficile de ne point reconnaître dans ce titre si essentiellement républicain le premier tressaillement qui accompagne la naissance d’une nationalité indépendante.

Le gouverneur-général, qui représente la reine et le gouvernement impérial, est désigné par le cabinet de Saint-James et nommé par la souveraine. Les colonies élevées au rang d’États indépendans les uns des autres en matière de politique intérieure laissent à leurs législatures respectives le soin de décider plus tard du mode de nomination de leurs gouverneurs, qui ne pourront communiquer avec le gouvernement impérial que par l’intermédiaire du gouverneur-général.

Le parlement fédéral sera formé d’un sénat composé de huit membres pour chaque État de la commonwealth choisis d’après un mode laissé à la décision de chacune des législatures locales,