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LE
TESTAMENT DE SILVANUS

Je viens de relire les belles études de M. Gaston Boissier sur la fin du paganisme[1]. Si je devais en parler longuement à cette place, où elles ont d’abord paru, je redouterais une difficulté inévitable : la gêne qu’on éprouve à louer, comme il le mérite, un maître qui est de plus un ami très cher. La louange est justement commandée, moins encore par la science du professeur, si vaste, si bien digérée, que par la stricte équité dont ce libre esprit fait montre en une matière si délicate. Venant après tant d’écrivains qui ont traité ce grand sujet, M. Boissier n’a pas prétendu résoudre le problème historique et religieux. Il circonscrit ses recherches sur un terrain que nul ne peut lui disputer ; il étudie la lente introduction de l’esprit chrétien dans les écoles, les philosophies, la littérature du paganisme. Il nous fait assister aux progrès de la doctrine dans les esprits cultivés, au recul sous le règne de Julien, au triomphe politique avec Constantin. Le savant philologue signale les concessions du langage comme un des meilleurs indices du terrain gagné par le christianisme. Insensiblement, le vocabulaire païen s’élargit et se rapproche des idées

  1. La Fin du paganisme, par Gaston Boissier ; 2 vol. in-8o, Hachette, 1891.