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Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 111.djvu/689

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UN
PUBLICISTE ALLEMAND
ET
SON PLAIDOYER EN FAVEUR DE LA TRIPLE ALLIANCE

Les pamphlétaires allemands, qui, inconsolables de la retraite de M. de Bismarck, ne se lassent pas de décrier le nouveau régime, reprochent à ses successeurs tantôt de s’être écartés des voies tracées par ce grand maître, tantôt d’avoir mal compris ses leçons et de l’imiter gauchement. Comme l’exagération est l’épice des pamphlets, ils affirment que ces novateurs téméraires, que ces imitateurs maladroits sont en train de tout perdre, que si on les laissait faire, l’Allemagne irait aux abîmes, et ils s’écrient : Caveat populus !

La politique de la nouvelle ère ou du nouveau cours, comme l’appellent nos voisins, vient de trouver un chaud défenseur, un habile avocat dans l’auteur anonyme d’un livre intitulé : Berlin, Vienne, Rome[1]. Ce livre, qui a fait quelque bruit, mérite d’être lu. Selon toute apparence, l’anonyme, dans lequel on a cru reconnaître M. von Eckardt, ancien consul d’Allemagne à Tunis, puis à Marseille, aujourd’hui consul-général à Stockholm, n’est pas un simple journaliste, il a la pratique des affaires, et c’est dans la diplomatie qu’il s’est formé. N’a-t-il consulté que lui-même en prenant la plume, ou a-t-il cherché des inspirations en haut lieu ? Ce qui est certain, c’est qu’il a le don de se rendre agréable, et que l’empereur Guillaume II et le général de

  1. Berlin-Wien-Rom. Betrachtungen über den neuen Kurs und die neue europäische Loge. Leipzig, 1892. Verlag von Duncker et Humblot.