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Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 111.djvu/898

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100 ou du cinquième du prix d’acquisition. Il faudrait que la rente baissât aux alentours de 82 pour que toute cette plus-value disparût, et au-dessous de 82 pour qu’une perte remplaçât la plus-value.

La situation est donc magnifique, mais elle a ses côtés fâcheux. Il y a quelques années, ainsi qu’il a été dit plus haut, le rendement du portefeuille dépassait 4 pour 100, et la Caisse était en bénéfice. Le prix des rentes s’élevant et la Caisse achetant plus cher, le rendement moyen s’est abaissé à 4 pour 100 et bientôt au-dessous de ce niveau ; la Caisse était en perte. En 1890, le rendement moyen n’était plus que de 3.80 à 3.75 pour 100. La chambre s’est décidée alors à fixer à 3.75 pour 100 le taux de l’intérêt à payer à partir du 1er janvier 1891 par la Caisse des dépôts et consignations aux caisses d’épargne.

On pouvait supposer que ce taux préserverait suffisamment la Caisse. Il n’en est rien. Par suite de la hausse continue de la rente et du prix où ont dû être effectués les nouveaux achats depuis deux ans, le rendement moyen du portefeuille a fléchi et n’est plus en ce moment que de 3.62 à 3.65 pour 100, alors que la Caisse paie 3.75 pour 100. La Caisse des dépôts et consignations est de nouveau en perte.

Quant au portefeuille de rentes de la Caisse nationale d’épargne qui est resté en dehors de ces calculs, puisqu’il est géré d’après d’autres principes, il donne également un rendement décroissant d’année en année, 3.68 pour 100 en 1889, 3.42 pour 100 en 1890, 3.25 à 3.30 pour 100 en 1891. Ici la caisse n’a rien à perdre ni à gagner, elle n’est qu’intermédiaire, le portefeuille est la propriété directe de la caisse d’épargne postale, autrement dit de l’État, qui, en retour, doit directement les 505 millions représentant fin décembre 1891 l’ensemble des dépôts à la caisse nationale.

Contre le risque de perte pour l’État résultant de cette différence entre le taux de rendement du portefeuille et le taux d’intérêt payé aux caisses, le remède est simple ; il suffira soit d’adopter un taux fixe sensiblement réduit, 3 pour 100 ou même 2 1/2 pour 100, soit de modifier chaque année le taux d’après le rendement du portefeuille, de faire en un mot que la Caisse des dépôts n’ait plus à payer aux caisses une rémunération plus élevée que celle qu’elle reçoit elle-même de son portefeuille.

Mais ce n’est là qu’une des moindres difficultés soulevées par l’existence du portefeuille des rentes. La plus grosse, celle qui apparaît comme le point insoluble du problème, est l’impossibilité manifeste pour la Caisse et le gouvernement de pouvoir jamais