l’afflux des dépôts, fut-ce par des mesures radicales comme les deux suivantes : fixation à 500 francs du maximum des dépôts futurs et à 2 1/2 pour 100 du taux de l’intérêt. Les dépôts actuels étaient maintenus, mais ne pouvaient donner lieu à de nouveaux versemens jusqu’à ce qu’ils eussent été ramenés au maximum de 500 francs. La fixation de l’intérêt à 2 1/2 pour 100 pouvait ne pas être immédiate, mais atteinte seulement en quelques années par une échelle décroissante. Les demandes de remboursement auraient été absolument nulles, les déposans actuels étant suffisamment contrariés de ne pouvoir effectuer de nouveaux versemens. Mais la Caisse des dépôts et consignations, ne disposant pas de ressources nouvelles, ne pouvait plus acheter de rentes : n’était-ce pas donner le signal pour la rentrée en scène de la spéculation à la baisse ? N’allait-on pas voir le 3 pour 100 français baisser de quelques unités ?
Le beau malheur, quand la rente, sur le vote de ces mesures de salut public, aurait été ramenée à 95 francs ? Et d’abord, aurait-elle baissé ? La loi de l’offre et de la demande, la confiance des rentiers, l’abondance des disponibilités, auraient seules décidé des cours ; on aurait seulement cessé de voir l’absorption mécanique de la Caisse des dépôts fausser les prix au point qu’aujourd’hui il ne paraît pas plus déraisonnable de supposer que la rente sera portée à 110 francs que d’admettre qu’elle pourra s’arrêter au pair.
L’intérêt de 2 1/2 pour 100 est-il trop bas ? Mais toutes nos banques de dépôt donnent 1/2 pour 100. Recevant cinq fois plus que les dépôts ordinaires, la petite épargne serait encore suffisamment encouragée. La petite épargne, disons-nous, celle qui est en germe, en voie de formation, et qui seule a besoin d’être provoquée et soutenue. L’épargne formée, au contraire, ne devrait pas avoir accès aux caisses d’épargne. Or toute somme supérieure à 500 francs peut être placée en un titre négociable et est, par conséquent, de l’épargne formée. Voulez-vous cependant porter le maximum à 1,000 francs, ce qui laisserait encore un milliard aux caisses d’épargne ? Au moins, forcez les deux autres milliards, les dépôts variant de 1,000 à 2,000 francs, à quitter cet abri où ils n’ont que faire de rester enfouis dans une sécurité fort avantageuse pour le déposant, mais trop coûteuse pour l’État. Avec des sommes variant de 1,000 à 2,000 francs, vous pouvez acquérir de 30 à 60 francs de rente française 3 pour 100, de deux à quatre obligations de nos grandes compagnies de chemins de fer, de la ville de Paris ou du Crédit foncier de France ; est-ce là de l’épargne en germe ou de l’épargne déjà formée ?