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orateurs sont des partisans résolus de la transformation de la Banque de France, établissement privé, en Banque d’État, par l’expropriation forcée des actionnaires et la substitution au conseil actuel des régens d’un nouveau conseil composé de délégués élus du commerce et de l’industrie. L’établissement n’ayant plus besoin de réaliser des bénéfices, l’État pourrait organiser le crédit gratuit ou quasi gratuit par l’abaissement du taux de l’escompte à 1 pour 100, même 1/2 pour 100. Ces novateurs audacieux ne se sont pas demandé ce que deviendraient dans ces conditions l’encaisse métallique de la Banque et le crédit de son billet, aujourd’hui si solidement établi. La chambre se montrera plus sage que ces conseillers et fera justice de leurs propositions chimériques en adoptant le projet sorti des délibérations de la Banque de France, du gouvernement et de la commission parlementaire. Mais la solution n’interviendra pas en tout cas dans le cours de la session actuelle, la seconde délibération du projet de loi devant être ajournée, comme celle du projet sur les caisses d’épargne, à la session d’automne.

Depuis l’introduction du rouble crédit sur le marché en banque de Paris, une spéculation à la hausse s’est efforcée de produire un mouvement qui donnât en quelque sorte droit de cité à la nouvelle valeur. Mais cette tentative s’est heurtée à la fois à la force des choses qui ne comportait pas une amélioration aussi rapide du change russe, et à une résistance obstinée du marché de Berlin. C’est de cette place qu’est venu le signal de la réaction, par une tension notable du report. Les acheteurs sur notre place ont dû songer à réaliser, le rouble a reculé de 265 à 253 et les fonds russes ont été entraînés à leur tour, l’emprunt d’Orient de 69 à 67, le Consolidé 4 pour 100 or, de 97.25 à 96, le 3 pour 100 1891 de 79.25 à 78.95. Dans l’intervalle, ce dernier fonds avait atteint son cours d’émission, 79.75, mais pour le reperdre presque aussitôt.

Le voyage du roi Humbert à Berlin, objet d’appréciations d’abord très pessimistes, bientôt après plutôt optimistes, n’a pas nui à la tenue de la rente italienne. Toutefois ce fonds n’a pu conserver le cours de 94 francs, où la spéculation l’avait porté sur un bruit vague et peu réfléchi de projets de conversion. Le dernier cours, 93.35, est légèrement supérieur à celui du milieu du mois.

Les opérations relatives à la réforme monétaire en Autriche-Hongrie paraissent devoir être décidément ajournées à l’automne. Les projets déposés par les deux ministres des finances sont l’objet d’un examen approfondi dans les parlemens de Vienne et de Pesth. Rien ne presse d’ailleurs, la situation économique du pays reste bonne et se reflète dans la tenue satisfaisante et la fermeté continue de la rente hongroise or 4 pour 100 au-dessus de 95 francs.