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disparaît ; la circulation du sang est moins active ; le pouls, petit et fréquent, indique le peu d’énergie du cœur ; la respiration, lente et courte, fait pénétrer peu d’air dans les poumons. Du côté des centres nerveux, c’est l’affaissement de toutes les facultés actives. L’enfant ne sait plus vouloir ; il éprouve un dégoût insurmontable pour tout ce qui implique un effort. Plus longtemps il est resté sans prendre d’exercice, plus il manifeste d’éloignement pour tout mouvement, plus il montre de préférence pour les amusemens sédentaires, cherchant tous les prétextes pour avoir le droit de garder l’immobilité et fuyant tout ce qui peut coûter un effort de volonté. Mais, à mesure que la volonté perd son énergie, la sensibilité devient plus vive et l’imagination plus ardente, ainsi qu’il arrive dans tous les états nerveux. La santé morale de l’enfant ne court pas de moindres dangers que sa santé physique ; et c’est le moment de dire avec un auteur belge, dont le nom m’échappe : « Votre enfant n’aime plus le jeu ; craignez qu’il ne devienne vicieux ! »

Dans ces états de langueur maladive dus à la privation de mouvement, le médecin épuiserait vainement toutes les ressources du traitement pharmaceutique et administrerait sans succès tous les toniques et les reconstituans. Le vrai remède, c’est l’exercice, et il suffit que l’enfant se mette quelques heures chaque jour à quelque jeu un peu violent, pour que l’équilibre se rétablisse dans les grandes fonctions organiques, aussi bien que dans le système nerveux, et dans le caractère même.

C’est en activant le jeu de tous les organes que l’exercice physique produit tous ces heureux résultats. Et cette sorte de a coup de fouet » salutaire qui réveille toutes les fonctions organiques est dû surtout à l’influence de l’exercice sur la respiration. La respiration, en effet, est une fonction maîtresse qui commande toutes les autres. Quelle que soit la cause d’un état grave où les fonctions vitales sont momentanément suspendues, les médecins ont l’habitude de chercher avant tout à rétablir la respiration. Vient-on à retirer de l’eau un noyé, une hémorragie grave a-t-elle provoqué un état de mort apparente, c’est la fonction respiratoire qu’on cherche d’abord à réveiller. On pratique ce qu’on appelle la « respiration artificielle, » soit en imprimant des mouvemens de va-et-vient à la poitrine, comme si on voulait faire fonctionner un soufflet, soit en insufflant directement de l’air dans la bouche du patient. Et si l’on parvient à rétablir la respiration, on observe alors aussitôt que la circulation du sang reprend son cours, que les fonctions nerveuses se rétablissent, en un mot, que la vie se réveille.

Telle est l’influence de la respiration sur les autres fonctions