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et, pour agrandir et ouvrir les fenêtres simulées qui s’y voyaient, il coupa les arcs de décharge placés immédiatement au-dessus des colonnes. La conséquence de ce travail n’était que trop certaine : la coupole se crevassa, mais heureusement sans fléchir.

A côté de ces entreprises le plus souvent regrettables, combien le Panthéon n’a-t-il pas suscité de travaux dignes de louanges ! Combien d’artistes et de savans ne l’ont-ils pas étudié avec le seul désir de faire ressortir ses beautés et d’en pénétrer la raison. Raphaël n’avait pas été le premier à en tracer l’image. Avant lui, sous le pontificat de Paul II en 1464, François di Giorgio Martini l’avait fait, sans beaucoup de fidélité sans doute, mais obéissant déjà à un puissant attrait. Il est impossible de donner avec des mots l’idée de ces dessins des maîtres de la Renaissance si différens des nôtres par le caractère. Il faudrait en présenter ici des fac-similés. Qu’on sache donc seulement que Palladio et Serlio, que Jacques Sansovino, que Balthazar et Salluste Peruzzi entre tous, que Julien de San-Gallo, Antoine Dosio et Chérubin Alberti ont rivalisé pour le vieux monument d’admiration passionnée. Les critiques d’Antoine de San-Gallo le jeune n’ont rien ôté de sa valeur à ce concert d’enthousiasme. Depuis près de cinq cents ans le Panthéon est l’objet d’un hommage ininterrompu. Les livres et les dessins qui lui ont été consacrés composent un répertoire immense. Les architectes français y tiennent un rang honorable ; mais, à mon sens, ils devraient y occuper une place plus grande. Les ouvrages de Desgodetz et d’Isabelle jouissent, en la matière, d’une autorité incontestée et j’ai déjà parlé de la remarquable restauration d’Achille Leclère et d’autres documens originaux également inédits. Signés d’architectes qui comptent parmi les plus distingués de notre temps, ils sont déposés à la bibliothèque de l’École des Beaux-Arts et à la Bibliothèque nationale. En les consultant, on trouverait de nombreux relevés faits sur le monument même et des rendus exécutés, d’après ces données exactes, avec le plus profond sentiment du caractère antique.

En résumé, la bibliographie du Panthéon, livres et documens figurés, peut se partager en quelques catégories. On y rencontre d’abord les œuvres qui intéressent la théorie de l’architecture, œuvres où l’on s’est efforcé de consigner, au moyen de mensurations plus ou moins fidèles, les proportions de l’édifice. Mais en même temps, on voit paraître chez différens auteurs une autre tendance. Le travail auquel ils se livraient ne pouvait manquer d’éveiller en eux le sens critique. Plus leur examen était approfondi et plus ils devaient être frappés des anomalies et des désaccords qui existent dans la structure du monument. Rien que l’association d’une portique à plates-bandes avec un édifice rond soulevait une question