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Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 112.djvu/579

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à son sommet, et se reliant à différentes hauteurs par des couronnes de maçonnerie concentriques. Mais aussi on avait en grande considération le dessin de Piranesi qui figure, dans la voûte, des arcs curvilignes placés à une certaine hauteur, mais cependant sans points d’appui. Il y avait encore d’autres solutions qui, bien qu’elles fussent hypothétiques, ont été souvent répétées. D’ailleurs, on croyait la voûte construite en matériaux légers, par conséquent, moins forte qu’elle n’est et incapable de porter des ornemens de métal. On savait bien qu’entre la voûte intérieure et sa paroi extérieure il existait un vide, et que des arcs-boutans maintenaient l’écartement des deux enveloppes ; mais on ne savait point par quel artifice de construction la voûte intérieure se déchargeait sur ces contreforts.

Pour tout ce qui touche à la partie archéologique du sujet, personne ne connaît mieux et n’a plus parfaitement exposé l’état présent de la science que M. le commandeur Lanciani, le nouveau correspondant de l’Institut. En possession d’une érudition immense et plus versé que personne dans la connaissance des antiquités romaines, il a consigné dans des mémoires publiés soit dans les Notizie degli scavi di antichità, soit dans le Bulletlino della Commissione areheologica comunale di Roma, le résultat de ses études sur le Panthéon. Ces travaux sont des modèles de méthode et de clarté. Pour lui, il n’hésite pas à penser que le portique et la rotonde, tels qu’ils existent aujourd’hui, ne sont pas entrés ensemble dans la conception du premier édifice, et cela par des raisons tirées des discordances architectoniques dont il a été parlé et qu’il fait ressortir avec évidence. Il y a là, selon lui, un problème à résoudre ; et historiquement, il y a même un mystère qui vient de ce que les briques trouvées autour du monument et jusque dans l’avant-corps, qui est entre la rotonde et le portique, sont du temps d’Adrien. Une invitation à faire des recherches nouvelles, telle est, en somme, la conclusion de l’éminent archéologue.

Même invitation, même appel en ce qui concerne la construction. Quels moyens avaient été particulièrement employés pour élever la coupole ? Un ingénieur qui est en même temps un esthéticien des plus délicats, M. Choisy, avait reconnu l’importance des questions qui se posaient à propos de cette voûte, « pour laquelle, dit-il, une durée de dix-neuf siècles semble être la meilleure garantie des procédés employés pour la bâtir. » Et il ajoutait que « les connaissances de ces méthodes fourniraient une donnée précieuse pour l’avancement de l’art de bâtir et un fait important pour l’histoire de l’architecture antique. »

Et avant d’aller plus loin, je résume encore l’état des idées sur le Panthéon : doute sur son unité ; croyance à l’antériorité probable