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Politique et la Morale d’Aristote, Aristoteles, 1548, 2 vol., et si on n’y voit pas un seul écrit de Platon, on y trouve un saint Augustin, où reparaît en quelque sorte Platon : Epitome Augustini operum omnium, 1539. Dans la bibliothèque de Spinoza, la part de l’antiquité est du reste assez pauvre, et nous n’avons plus, pour en finir avec les anciens, qu’à transcrire les titres de trois volumes, qui, tous les trois, se rapportent à la morale : Brieven van Seneca ; Senerœ epistolœ ; Epicteti Enchiridion cum Tab. Cebetis cum Wolfii annot. Nous aurons même épuisé ce qui concerne la philosophie proprement dite, en mentionnant deux autres ouvrages, que Spinoza n’a pas dédaigné de recueillir parmi ses livres, bien qu’ils soient ou peut-être même parce qu’ils sont dirigés contre lui. Ce sont deux réfutations du Tractatus theologico-politicus, ou plutôt deux diatribes violentes, l’une par Blijenbergh, un de ses disciples, devenu son contradicteur le plus acharné : Tegen Tract, theol. polit. ; l’autre, due à Reynier de Mansvelt, professeur à Utrecht et successeur de Voetius : Adversus anonymum Theologo-Politicum.

Quoiqu’il ramène tout principalement à la morale, et qu’en dissertant sur la nature et la destinée de l’homme, il soit bien près de considérer l’homme comme un pur esprit, sans tenir compte, autrement qu’en paroles, de ce qui chez l’homme est le corps, Spinoza ne laisse pas que de considérer les corps en général et le corps humain en particulier comme les plus intéressans objets d’étude. Descartes avait comparé la philosophie à « un arbre, qui a la métaphysique pour racines, pour tronc la physique et dont les branches, qui sortent de ce tronc, sont toutes les autres sciences, qui se réduisent à trois principales : la médecine, la mécanique, la morale[1]. » De son côté, dans sa Réforme de l’entendement, Spinoza professe « qu’on devra veiller avec soin aux doctrines morales ainsi qu’à l’éducation des enfans ; et comme la médecine n’est pas un moyen de peu d’importance pour atteindre la fin que nous nous proposons, il faudra mettre l’ordre et l’harmonie dans toutes les parties de la médecine ; et comme l’art rend faciles bien des choses difficiles et nous profite en épargnant notre temps et notre peine, on se gardera de négliger la mécanique. » C’était comme textuellement reproduire Descartes. On ne saurait s’étonner, après cela, que la bibliothèque du philosophe de l’Éthique comprît, en même temps que des traités de morale, d’assez nombreux ouvrages de physiologie et d’anatomie : Nicotius, 1613, Francof. Aphorismos Hippocratis ; Hippocratis 2 vol., 1554 ; Veslingii Syntagma anatomicum, Patavii, 1647 ; Riolani Anatomica, Paris, 1626 ; Kerckingii Spicilegium anatomicum, 1670 ; Kerkring in currum triumphalem antimonii (M. Servaas

  1. Les Principes de la philosophie, préface.