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par suite des maladies du ver, et beaucoup de mûriers ont été détruits.

Le coton est peu cultivé. Ce pays pourrait avoir un grand développement économique si on y introduisait une population plus active et plus travailleuse que celle des Karakalpaks[1].


VIII. — DE TCHIMBAI A KOUNGRAD.

De Tchimbaï à Koungrad, on compte deux jours de cheval. La route est longue, mais on parcourt une contrée ayant un caractère tout particulier. En quittant Tchimbaï, on traverse un pays peu cultivé, avec d’immenses champs en friches, de grands étangs ou plutôt de grands bas-fonds pleins d’eau où canards et oiseaux aquatiques sont en abondance. Des troupeaux paissent en liberté, et quelques tentes de nomades sont dispersées dans la campagne. Tantôt la route contourne les surfaces garnies d’eau et tantôt les coupe dans les parties les plus étroites. On se dirige sur des monts qui se dessinent à l’horizon. Ce sont les monts de Kouch-Kanata. Le sol s’élève lentement vers ces hauteurs, et, sur ce sol plus sec et légèrement incliné, les nomades dont nous venons de rencontrer les troupeaux ont établi des cultures de céréales.

Les Karakalpaks (mot à mot bonnet noir) ont le visage large et plein, les yeux grands, le nez court et épais, le menton large, la barbe peu abondante. Ils se divisent en un grand nombre de races et de sous-races.

Les Karakalpaks nomades du delta de l’Amou-Daria ne parcourent point, dans leurs déplacemens annuels, de grands espaces ; ils ne sortent guère du delta pour parcourir la steppe. Beaucoup installent leurs campemens d’hiver dans les environs de Tchimbaï, dans les terres sèches, et ils ne lèvent leurs tentes qu’au commencement de l’été, lorsque leurs cultures sont terminées. Ils vont alors dans le delta, à 15 ou 30 verstes de leur lieu d’hivernage, où ils ne reviennent qu’au temps de la récolte et à l’automne pour y résider.

L’emplacement des campemens d’hiver se remarque, l’été, par les restes de haies de roseaux secs qui servaient à retenir les animaux.

  1. La province de l’Amou-Daria comprend la rive cultivée, nommée district de Pétro-Alexandrof, le delta du fleuve et les steppes environnantes, et a une superficie de 1,920 milles. Elle contient 149,610 âmes. — Il y a 46,000 déciatines de terre cultivée, 1,000,000 déciatines de toguai et saxaouls ; 72,800 chevaux, 24,800 chameaux, 72,800 bêtes à cornes, 606,200 moutons, 80,000 ânes et chèvres. — On y comptait, en 1888, 1,497 déciatines de coton indigène, 2 déciatines de coton américain ; la récolte du froment de 336,740 pouds, celle du riz de 136,500 pouds.