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Les riches Karakalpaks passent l’hiver à Tchimbaï ; peu vont à Koungrad. Ils n’abandonnent pas en général, pendant l’hivernage, l’usage de la tente. Les femmes karakalpakes ne portent point ordinairement le voile. Elles ne le mettent que lorsqu’elles vont dans les villages des sédentaires.

Nous n’avons parlé ici que des Karakalpaks nomades. Il en est d’autres menant une vie analogue à celle des sédentaires.

Ils ont gardé, de même que les nomades, l’usage de la kibitka. L’élevage du bétail n’est plus pour eux la principale industrie. Ce sont des agriculteurs, et la pêche dans les bras et canaux du fleuve est aussi une de leurs principales ressources. Les sédentaires sont plus nombreux que les nomades, et c’est surtout sur les ramifications du Kéguéili que ces sédentaires sont installés. Le district de Tchimbaï n’est occupé que par les Karakalpaks. Ce n’est que dans les environs de Dao-Kara que l’on rencontre quelques aouls kirghizes.

Ces Karakalpaks sédentaires forment des aouls de 4 à 8 kibitkas, entourées d’une haie de tamaris, d’épines ou de roseaux, selon ce qui se trouve dans les environs. Dans cette haie, on construit des abris pour les animaux. Parfois on rencontre des huttes de roseaux servant de demeure.

Ces habitations karakalpakes se font remarquer par leur malpropreté. Des débris de poissons, des tas de fumier entourent la demeure. Ils luttent continuellement contrôles empiétemens du fleuve, réparant les digues pour ne pas être inondés. Une crue arrive-t-elle couvrant d’eau le pays, le Karakalpak construit une butte de terre ou un radeau en roseaux pour y établir sa tente, et, chassant les animaux dans quelque endroit découvert, il attend tranquillement la baisse des eaux.

Quant aux kibitkas des Karakalpaks nomades ou sédentaires, elles ne diffèrent en rien de celles des autres nomades d’Asie. Elles sont plus ou moins richement ornées selon l’opulence du maître. Parfois, on n’y trouve qu’une litière de roseaux, et parfois le sol est couvert de riches tapis.

Les cultures de cette région sont les mêmes que celles de Pétro-Alexandrof. Mais les mûriers sont rares. Les principales essences de bois sont : le karatal (saule), le djida (eleagnus hortensis) l’akchrek (populus olla), pommiers, poiriers, pêchers, abricotiers, etc. On trouve souvent dans les cours des demeures le kara-agatch (ulmus campestris).

Les Karakalpaks sont venus dans le delta au commencement de ce siècle. Ils occupaient précédemment une partie du bassin inférieur