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en Floride, après les grands feux de roseaux qu’ils y allumèrent au cours de leurs expériences.

On pourra prendre en considération la proposition de Bell, qui veut ériger des colonnes creuses de 500 mètres, à travers lesquelles il veut envoyer dans l’air des flots d’air chaud, saturé de vapeur, ce qui revient en partie au procédé conseillé par Espy.

Il faudra encore essayer du système de M. H.-W. Allen, qui, aux Indes, propose de provoquer la pluie en lançant dans les airs des fusées capables d’y déterminer un froid intense. Cette idée est très logique d’ailleurs ; car, s’il y a désaccord sur maint point de la théorie de la pluie, on s’accorde généralement sur ce point que la différence de température y joue un rôle considérable, et que la réfrigération de l’air chargé de vapeur d’eau est une condition essentielle de la condensation de cette vapeur en gouttes. M. Allen a donc inventé une fusée qui peut s’élever à 1,600 mètres de hauteur, c’est-à-dire jusqu’au point où la quantité d’humidité est à peu près maxima ; elle renferme de l’éther emmagasiné sous forte pression, qui entre en ébullition et se vaporise, produisant ainsi un froid considérable, et la chute de la fusée est retardée par un parachute. Il faudra essayer de cette méthode, et de toutes celles qui pourront être proposées, car, il faut bien le reconnaître, on ne peut que tâtonner au début, les faits invoqués étant d’ordre différent, et les théories contradictoires et incertaines. Les recherches de Le Maout, d’Aitken, du général Dyrenforth et des autres expérimentateurs ne peuvent nous guider que de façon relative : ce sont des indications à contrôler, à vérifier, ce sont des jalons dont la valeur nous est inconnue, et ne nous sera réellement révélée que du jour où l’expérimentation systématique aura prononcé.

Le général Dyrenforth n’a rien inventé, cela est certain ; sa théorie est probablement inexacte, et elle n’est pas de lui, à coup sûr ; mais cela nous importe peu. Il va recommencer ses expériences très prochainement, et c’est la seule chose qui nous intéresse. Mais il faut que ce soient des expériences sérieuses, exécutées dans une localité dont on connaisse bien la météorologie normale, et avec le contrôle d’hommes connaissant les exigences de l’expérimentation, ce qui est beaucoup plus difficile.


HENRY DE VARIGNY.