atténuer la rigueur des mesures préventives qui frappaient les provenances du Levant, dans les ports de la Méditerranée.
Les médecins sanitaires français ont rendu à l’hygiène autant de services qu’au commerce. Ils ont fait évanouir le fantôme de la peste qui obsédait encore les esprits, en prouvant par une enquête sérieuse et prolongée qu’elle n’était endémique ni en Turquie, ni en Égypte et qu’elle ne s’y était pas montrée depuis 1844. Ils ont élucidé la plupart des problèmes sociaux relatifs aux différens modes de transmission de la maladie ; ils ont en un mot rempli, avec une vigilance sans égale, leur rôle de sentinelles avancées de la France en Orient, pour tout ce qui concerne la santé publique, qu’il s’agisse de peste ou de choléra. Grâce à cette institution, il est devenu possible de réformer le régime sanitaire que le passé nous avait légué, et le décret du 24 décembre 1850 a consacré cette transformation.
Sa promulgation fut hâtée par la seconde invasion du choléra. On avait, comme nous l’avons vu, supprimé toutes les mesures prises contre lui en 1831, et les populations de notre littoral méditerranéen, en voyant les précautions dont on s’entourait dans les ports d’Italie, réclamaient énergiquement des moyens de préservation analogues. Le décret du 24 septembre leur donna satisfaction, tout en atténuant, dans une proportion considérable, les sévérités de l’ancien système et en diminuant les entraves apportées au commerce. Quant à l’intendance de Marseille, qui avait voulu maintenir ses privilèges envers et contre tous, elle avait été tout simplement supprimée l’année précédente, par le décret du 10 août 1850.
Pendant que la France transformait ainsi son système sanitaire, les autres États de l’Europe laissaient peu à peu tomber les leurs en désuétude et mettaient plus ou moins de négligence dans leur application. Chaque État avait son régime particulier. On admettait librement dans certains ports des provenances qu’on repoussait dans d’autres ; les quarantaines n’avaient d’autres limites que celles qui leur étaient imposées par le bon plaisir des autorités locales, à peu près indépendantes du pouvoir central. Les droits imposés à la navigation sous le nom de taxes sanitaires variaient d’un pays à l’autre et cette diversité dans les règlemens provoquait partout des plaintes d’autant plus vives que les communications s’étaient considérablement multipliées, depuis la création des lignes de paquebots à vapeur qui sillonnaient déjà la Méditerranée dans tous les sens.
On commençait à comprendre que toutes les nations sont solidaires pour ce qui concerne la santé publique et qu’il était indispensable de se concerter pour une action commune. L’adoption