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esprit de large conciliation et de libérale équité dans cette affaire comme dans bien d’autres, comme dans toutes les relations de l’Angleterre avec des puissances dont elle fut Talliée.

CH. DE MAZADE.



LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.




La rente française a conquis de nouveau la cote du pair en liquidation de fin août. Les reports ont été extrêmement faciles, les livraisons de titres que l’on redoutait encore n’ont pas eu lieu, ou tout au moins l’effet en a été pallié par des arrangemens hors Bourse. La crainte de l’épidémie cholérique ayant provoqué la formation d’un découvert, les acheteurs ont pu, grâce au levier des rachats forcés, pousser la rente au-dessus du cours rond, et lui faire gagner en quelques jours la valeur totale du coupon trimestriel à détacher le 16 courant.

Bien que l’épidémie se soit propagée, qu’elle sévisse encore cruellement en Perse, dans le sud de la Russie et à Hambourg, et qu’elle ait atteint un assez grand nombre de localités en Allemagne et en France, elle a cessé d’être un prétexte à réaction. D’ailleurs, les affaires se sont bien réduites sur tous les marchés ; la spéculation, déjà très clairsemée dans le dernier mois, est en vacances, l’arbitrage fonctionne à peine, la haute banque se tient dans une réserve complète, toute opération importante ayant été ajournée aux mois d’hiver. Le mouvement qui avait suivi la liquidation s’est donc promptement arrêté, et la seconde semaine du mois s’est écoulée dans une inaction à peu près générale. Les cours sont soutenus par une abondance extraordinaire de disponibilités. Nos grands établissemens de crédit voient s’enfler chaque jour le total de leurs comptes de chèques, l’encaisse métallique de la Banque de France atteint un chiffre formidable, qui bientôt égalera celui de la circulation fiduciaire ; l’escompté à Londres est aux plus bas taux qui aient jamais été vus. Notre ministre des finances a dû suspendre toute émission de bons du Trésor, tandis qu’il remboursait des obligations sexennaires pour une somme de près de cent millions. Les comptes des caisses d’épargne accusent de nouveau d’importans excédens, et la Caisse des dépôts et consignations a dû appliquer en-