Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 113.djvu/564

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trois écoles d’Arts et Métiers de Châlons, d’Angers et d’Aix concourent au but qu’a fixé Bonaparte.


I

L’école de Compiègne fut, au commencement du premier empire, transférée à Châlons, où elle existe encore. Une institution analogue, fondée d’abord à Beaupréau, alors chef-lieu d’arrondissement de Maine-et-Loire, émigra sur Angers par ordre supérieur, au début de la restauration. Enfin, en 1843, le gouvernement de Louis-Philippe songea à fonder une école d’Arts et Métiers propre à desservir la région du midi. L’influence de M. Thiers décida l’administration à fixer son choix sur Aix[1].

L’ancienne capitale de la Provence était du reste à peu près également éloignée des deux centres déjà existans. Aux avantages d’un climat salubre et doux, elle en joignait d’autres d’un ordre plus positif : vie matérielle à bon marché ; terrain à bâtir d’un prix peu élevé. L’école actuelle se dresse sur l’emplacement d’un ancien hospice de la Charité, dépendant autrefois de la commission administrative des hospices d’Aix ; les mêmes locaux, avant d’être appropriés à leur destination actuelle, avaient servi de caserne, et, sous la restauration, abritaient une partie du personnel du petit séminaire, alors dirigé par les pères de la compagnie de Jésus.

On peut à bon droit s’étonner qu’avec la merveilleuse facilité des communications d’aujourd’hui, on ait songé, au lieu d’agrandir convenablement les trois écoles déjà existantes, dans le cas où elles eussent été insuffisantes, à en fonder une quatrième à Lille (loi du 10 mars 1881), qui ne fonctionne pas encore. Le surcroît de dépenses qu’occasionnera cette création s’explique déjà assez mal si l’on réfléchit à la distance relativement médiocre qui sépare Lille de Châlons, et se comprend encore moins, étant donné que Lille possède déjà deux établissemens similaires, l’un privé, l’autre subventionné par la ville elle-même et le département du Nord.

Quoi qu’il en soit, le résumé que nous allons exposer sans

  1. Il semble que les écoles d’arts et métiers soient vouées à des villes destinées à être supplantées au profit de voisines plus puissantes. On connaît le sort de Beaupréau dépouillé par Cholet. Actuellement, Châlons est obligé de lutter avec énergie contre Reims qui convoite la préfecture de la Marne. Aix a perdu son rang de chef-lieu à l’époque du Consulat : espérons du moins que la coïncidence que nous venons de signaler se bornera à cette dégradation rétroactive sans se poursuivre plus loin.