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Le professeur de mécanique, les deux professeurs de mathématiques, sont secondés par les trois professeurs de dessin et technologie, qui, en mécanique et en mathématiques, sont interrogateurs des élèves de l’année à laquelle ils appartiennent, et par des répétiteurs. Le professeur de physique et chimie a aussi un préparateur. Au point de vue de la surveillance, les élèves sont confiés aux « adjudans, » anciens sous-officiers de l’armée active, généralement officiers de l’armée territoriale. Quoique mariés pour la plupart, les adjudans couchent à proximité des dortoirs, et mangent à l’école dans un réfectoire spécial pendant les séances d’ateliers, ils reçoivent, à leurs débuts, 100 francs par mois et finissent par gagner 150 francs.


II

Aux Arts et Métiers, l’enseignement théorique a toujours été assez relevé. On n’a jamais visé, sans doute, à former des mathématiciens, et à notre connaissance du moins, aucun ancien pensionnaire ne s’est illustré comme savant, mais de tout temps on a cherché à inculquer aux élèves de l’école des notions solides et étendues. Naturellement, le programme des leçons n’a cessé de s’accroître avec le temps.

Toutefois, jusqu’en 1884, le niveau des cours de mathématiques et mécanique ne surpassait guère celui des classes de mathématiques élémentaires, avec l’addition de nombreux complémens qui fortifiaient beaucoup les connaissances de l’élève et surchargeaient le programme sans en modifier sensiblement l’esprit. On professait notamment la mécanique suivant les idées du général Poncelet, qui permettent de donner, sans calculs trop élevés, des démonstrations lourdes, mais correctes, de la plupart des principes. La qualité n’était nullement sacrifiée et, pour la quantité, on ménageait si peu les détails que le cours autographié de mécanique pour l’année 1883 que nous avons sous les yeux n’a pas moins de treize cents pages in-octavo. Il y avait là, il faut bien en convenir, de quoi satisfaire les curiosités les plus insatiables.

En 1885, une révolution profonde s’est opérée dans l’esprit de l’enseignement des Arts et Métiers. On a jugé qu’avec des cours toujours grossis par d’incessantes additions, il convenait d’accorder aux professeurs et aux élèves l’emploi de méthodes de calcul plus rapides et plus perfectionnées. Le programme des leçons comporte désormais des « spéciales, » c’est-à-dire la théorie des dérivées et les premiers principes de la géométrie analytique, ainsi que