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que pour la manière d’enseigner, le modèle de toutes les écoles à venir.

Parmi les écuyers qui furent le plus justement célèbres après La Guérinière, il faut citer MM. Dupaty de Clam, membre de l’Académie des sciences de Bordeaux, qui a laissé une excellente traduction de Xénophon et qui voulut appliquer à l’art de l’équitation l’anatomie, la mécanique, la géométrie et la physique ; de Nestier, d’Auvergne, Mottin de La Balme, le comte Drummont de Melfort, Montfaucon de Rogles, dont le Traité d’équitation inspira en grande partie le Manuel pour l’instruction équestre lors de l’installation de l’école de cavalerie à Saumur en 1814, le baron de Bohan, le marquis de la Bigne, d’Abzac, de Boisdeffre, Le Vaillant de Saint-Denis. La première école militaire fut fondée en 1751 ; l’enseignement équestre y fut confié au célèbre d’Auvergne.

De nombreuses divergences existaient déjà entre les maîtres. Mottin de La Balme, élève de d’Auvergne, critiquant les méthodes alors en usage dans la cavalerie, dit : « Ici on fait jeter l’assiette en dehors, là on exige que ce soit en dedans, ailleurs qu’on la laisse droite, etc. » Le baron de Bohan, élève aussi de d’Auvergne, dit, au commencement de son traité : « Je vois partout le schisme et l’ignorance varier nos pratiques à l’infini et j’entends partout des voix qui s’élèvent pour reprocher à nos écoles le temps qu’elles perdent et les chevaux qu’elles consomment. »

Depuis quelque temps déjà, l’anglomanie pénétrait en France, et tous les écuyers s’en plaignaient amèrement. Il n’y avait jamais eu, en effet, que peu de maîtres en Angleterre : Saint-Antoine, condisciple de La Broue, qui avait été envoyé par le roi de France pour faire l’éducation d’Henri II, le duc de Newcastle, lord Pembroke et Sydney Meadows, qui furent chez nos voisins les représentans de l’école française, sont à peu près les seuls écuyers à citer.

Le duc de Newcastle avait publié à Anvers, en 1657, une méthode dont le style seul était à ce point ridicule qu’il est resté un objet de risée parmi nous. Elle était intitulée : Méthode et invention nouvelle de dresser les chevaux, par le très noble, haut et très puissant prince Guillaume, marquis et comte de Newcastle, vicomte de Mauffield, baron de Balsover et Ogle, seigneur de Cavendish, Bothel et Hepwell ; pair d’Angleterre ; qui eut la charge et l’honneur, etc., etc., etc. Œuvre auquel on apprend à travailler les chevaux selon la nature et à parfaire la nature par la subtilité de l’art ; traduit de l’anglais de l’auteur par son commandement et enrichy de plus de quarante belles gravures en taille-douce. Une de ces gravures représente Newcastle monté sur