guerre, de course, l’hippologie, l’élevage, l’attelage, bref tout ce qui se rapporte à l’emploi et à l’entretien du cheval. Très connaisseur en chevaux, il comprenait, comme le comte d’Aure, que le travail du manège, base de toute équitation, est une gymnastique indispensable pour obtenir du cheval la plus grande somme possible d’efforts en toutes circonstances avec le moins de fatigue ; il voyait que les aptitudes nouvelles des chevaux améliorés par le sang rendaient nécessaires de légères modifications dans la pratique, sans autoriser l’abandon des règles de l’ancienne école qui resteront toujours indispensables pour former de vrais cavaliers.
C’est maintenant que je dois parler d’un écuyer remarquable entre tous, de mon vénéré maître, le capitaine Raabe, à qui l’on n’a pas encore rendu toute la justice qu’il mérite. Frappé de l’étrangeté des théories qui se trouvaient dans différentes méthodes, au sujet des allures, il étudia avec une sagacité et une persévérance admirables les mouvemens du cheval et créa véritablement la science de la locomotion, car tout ce qu’on avait enseigné avant lui sur ce sujet n’était qu’un tissu d’erreurs. Sans autres moyens d’investigations que l’examen du cheval en marche et des empreintes des pieds sur le sol, il sut, par l’observation et le calcul, déterminer l’ordre véritable des mouvemens à toutes les allures, et sa Théorie des six périodes est une découverte de génie qui se trouva confirmée plus tard par la photographie instantanée. Sa façon de présenter les questions les plus ardues captivait toujours l’attention de ses auditeurs qu’il émerveillait par l’originalité de ses démonstrations ; tous se rappellent encore avec quelle adresse, en plaçant le pouce, l’index, l’annulaire et le petit doigt sur une table (le médius en l’air représentait l’encolure), il faisait exécuter à son petit cheval toutes les allures naturelles et artificielles, changemens de pied, etc. La connaissance des lois de la locomotion l’amena à indiquer très exactement l’instant qu’il faut saisir pour déterminer tous les mouvemens du cheval, ce qui constitue presque toute l’habileté du cavalier. En effet, comme le disait le savant maître, de même que dans l’infanterie, pour faire tourner l’homme à droite, l’instructeur doit faire le commandement au moment où le pied gauche va poser à terre, le mouvement étant impossible à tout autre moment, de même pour faire exécuter tel ou tel mouvement au cheval, le cavalier doit saisir l’instant où tel ou tel pied va poser à terre ; s’il agit à tout autre moment, il provoquera infailliblement une résistance ou même une défense, et rendra bientôt l’animal rétif. Les vieux auteurs, à la vérité, avaient bien entrevu cela ; La Guérinière et Xénophon lui-même en parlent dans leurs traités ; mais comme ces écuyers et tous leurs