septicémie aiguë, pouvaient garder pendant fort longtemps leur vitalité. On les retrouve vivans dans le sang de leurs victimes. D’abord, sous forme de petits bâtonnets, ces germes infectieux se transforment, suivant la description même de M. Pasteur, en une sorte de poussière composée d’une foule de corpuscules de forme ovoïde, qu’on appelle des spores. Ces spores ont une force de résistance considérable. Ils peuvent se maintenir en terre pendant des années, toujours prêts à reprendre vie, aussitôt qu’ils seront introduits de nouveau dans un organisme.
Des savans considérables se sont alors demandé si les germes de toutes les maladies contagieuses ne subissaient pas cette même transformation, ne devenaient pas, eux aussi, des spores résistans à l’action de l’oxygène. Apportés par les eaux d’égout sur les sols épurateurs, loin d’y périr, ils s’y conserveraient ; bien plus, ils s’y accumuleraient, y deviendraient innombrables. Humides, ne peuvent-ils alors se coller aux racines ou aux feuilles des légumes et se réintroduire ainsi dans l’alimentation ? Desséchés par le soleil, ne peuvent-ils être dispersés par le vent dans toutes les régions de l’atmosphère et faire un poison de l’air que nous respirons ?
En fait, rien n’autorise à tirer de semblables inductions. Il ressort, au contraire, de nombreuses expériences, qu’il y a de grandes distinctions à faire, au point de vue de la ténacité de ce qu’on appelle leur vie, entre les microbes des différentes maladies. Ceux du charbon et de la septicémie aiguë sont vivaces : mais dans les terres qui recouvrent les restes des bestiaux, victimes d’épizooties, on n’a jamais pu retrouver les germes de la peste bovine, de la péripneumomie contagieuse, de la clavelée, de la morve, etc., germes cependant très virulens pendant l’existence de l’animal qui en est atteint, mais qui périssent avec lui. Il est permis de croire qu’il en est de même pour ceux encore mal connus de la fièvre typhoïde, du choléra et des autres fléaux, plus particulièrement réservés à l’humanité. D’une manière générale, d’ailleurs, et les expériences de M. Pasteur lui-même le démontrent, l’aération prolongée et la dilution atténuent la vitalité des virus. Dans l’un et l’autre cas, c’est sans doute encore l’oxygène, le bienfaisant oxygène qui agit. Plus on laisse se prolonger son action, plus s’accentue l’atténuation, et on arrive graduellement à éteindre ainsi toute l’activité virulente.
Comme l’épandage ne peut avoir lieu utilement que si les matières organiques sont diluées dans une grande masse d’eau, et que son effet est de les mettre en contact avec de considérables quantités d’oxygène, on peut donc être rassuré, même si, contre tous les faits déjà acquis, on continuait à croire à la permanence