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satisfaction sur tous les points a valu au cabinet deux votes qui ont consolidé provisoirement sa situation.

La Bourse n’a tiré de la solution donnée à ces incidens parlementaires aucun encouragement à une nouvelle hausse : 1° parce que le ministère aura très prochainement à affronter de nouveaux périls à l’occasion des débats sur la réduction de quelques droits inscrits à notre tarif minimum et sur la convention commerciale franco-suisse ; 2° parce que le malaise qui s’est produit sur notre place et y persiste a dominé aussi sur la plupart des marchés étrangers. De là vient que le succès du cabinet a été immédiatement suivi d’une réaction de 25 centimes sur la rente française 3 pour 100 et que ce fonds reste coté au-dessous du cours rond de 99 francs.

Le malaise a été le plus vivement éprouvé sur le marché de Berlin. Rentes internationales et valeurs locales, chemins de fer, banques, titres d’entreprises minières, tout a fléchi, à commencer par les valeurs russes qui avaient depuis longtemps été très soutenues par la spéculation allemande. Le rouble a reculé au-dessous du cours de 200, conséquence inévitable des nouvelles émissions que le gouvernement de Saint-Pétersbourg a été obligé de créer en papier-monnaie pour faire face aux insuffisances budgétaires léguées par la disette de 1891-1892. Les finances russes dépendent en grande partie de la qualité de la récolte dans ce pays, les événemens écoulés depuis le dernier automne en fournissent une démonstration convaincante. Il a été question d’un emprunt russe de 500 millions négocié avec la maison Rothschild, mais les circonstances ne sont pas propices, et ce dessein paraît provisoirement abandonné.

La baisse du rouble a entraîné l’emprunt d’Orient de 68.10 à 66, le Consolidé 4 pour 100 de 96.85 à 95.85, le 3 pour 100 1891 de 80 à 78.75. Le recul varie ainsi, selon les titres, de 1 à 2 unités pour les deux dernières semaines d’octobre.

Le 4 pour 100 or hongrois a reculé de 95 13/16 à 95 1/8, sur l’ajournement forcé des opérations de crédit projetées pour la réalisation de la réforme monétaire. Les fonds d’État de la monarchie austro-hongroise montent ou reculent selon que les circonstances rendent plus ou moins vraisemblable la mise à exécution prochaine des plans arrêtés par les ministres des finances. La situation budgétaire reste, d’ailleurs, très bonne dans les deux moitiés de l’empire, malgré l’aggravation des dépenses communes pour l’armée et la marine.

La Russie a cru devoir présenter à la Porte des observations sur la façon dont cette puissance, suzeraine de la Bulgarie, entendait et dirigeait ses relations avec les personnages marquans de la principauté vassale. Cette démarche n’est l’indice d’aucune intention belliqueuse de la Russie, et il est clair que le sultan saura donner satisfaction aux