depuis sept ou huit siècles : il a été ignoré de l’antiquité. Peut-être ne sera-t-il pas sans intérêt de raconter ici comment la découverte en a été faite. L’histoire des tâtonnemens successifs des hommes dans la découverte des choses utiles, aussi bien que dans celle des vérités générales, est toujours digne de fixer notre attention. Rien ne doit nous être indifférent de ce qui touche au progrès, à la marche successive de l’esprit humain.
Sic unum quidquid paulatim protrahit ætas
In medium, ratioque in luminis eruit oras ;
Namque alid ex alio clarescere corde videmus
Artibus, ad summum donec venere cacumen.
Le nom de l’alcool, en tant que réservé aux produits de la distillation du vin, est moderne. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, ce mot, d’origine arabe, signifiait un principe quelconque, atténué par pulvérisation extrême, ou par sublimation. Par exemple, il s’appliquait à la poudre de sulfure d’antimoine (koheul), employée pour noircir les cils, et à diverses autres substances, aussi bien qu’à l’esprit-de-vin.
Au XIIIe siècle, et même au XIVe siècle et plus tard, on ne trouve aucun auteur qui applique le mot d’alcool au produit de la distillation du vin.
Le mot d’esprit-de-vin ou esprit ardent, quoique plus ancien, n’était pas non plus connu au XIIIe siècle ; car on réservait à cette époque le nom d’esprit aux seuls agens volatils, tels que le mercure, le soufre, les sulfures d’arsenic, le sel ammoniac, capables d’agir sur les métaux pour en modifier la couleur.et les propriétés.
Quant à la dénomination eau-de-vie, ce mot a été donné pendant les XIIIe et XIVe siècles à l’élixir de longue vie ; c’est Arnaud de Villeneuve qui l’a prononcé, pour la première fois, pour désigner le produit de la distillation du vin. Encore l’a-t-il employé, non comme nom spécifique, mais afin de marquer l’assimilation qu’il en faisait avec le produit retiré du vin ; l’élixir de longue vie des anciens alchimistes n’avait rien de commun avec notre alcool. Cette confusion a occasionné plus d’une erreur chez les historiens de la science.
En réalité, c’est sous la dénomination d’eau ardente, c’est-à-dire