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REVUE DRAMATIQUE

Théâtre du Gymnase : Charles Demailly, pièce en 5 tableaux, tirée du roman de MM. Edmond et Jules de Goncourt, par MM. Paul Alexis et Oscar Méténier. — Théâtre du Vaudeville : Gens de bien, comédie en 3 actes, de M. Maurice Denier. Grand-Théâtre : Lysistrata, comédie en 4 actes et un prologue, de M. Maurice Donnay, musique de M. Dutacq.

Ne se lassera-t-on jamais de faire des pièces avec des romans ou, passez-moi le jeu de mots, de mettre des romans en pièces ? J’avoue ingénument que je n’avais pas lu Charles Demailly avant de le voir ; je n’ai pas voulu le lire après, afin de juger du drame plus librement. Aussi ne parlerai-je que de ce que j’ai vu ; c’est peu de chose : cinq tableaux sans préparation, explication ni commentaire ; une pièce moins qu’un scénario.

Le premier et le second de ces tableaux sont les plus insignifians, les plus dépourvus d’action, d’observation et de style même. Le premier représente le salon d’une irrégulière, Mlle Crécy, laquelle donne une soirée dansante. Aux sons de « la valse enivrante, » comme disait Labiche, paraissent successivement, et quelquefois simultanément, les représentans et les représentantes des deux demi-mondes masculin et féminin, de la galanterie et du journalisme : Mlle Ninette et autres, M. Nachette et autres. Parmi ces autres, au-dessus d’eux, nous dit-on, par le talent et par la fortune, au-dessus de Montbaillard, de Couturat, de Mollandeux, de Pomageot, au-dessus d’un certain Nachette surtout, qu’on nous présente tout de suite comme un triste sire, voici Charles Demailly, chroniqueur génial, auteur dramatique en herbe. Ces messieurs constituent l’état-major d’un journal qui s’appelle comme pourraient en vérité s’appeler quelques journaux : le Scandale. De Charles