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taxes très lourdes frappent déjà en France les valeurs mobilières, et que ces charges excessives sont une des raisons qui rendent si difficile la constitution de nouvelles entreprises collectives. Actuellement les valeurs mobilières paient à l’État environ 135 millions de francs par an, en dehors des droits de succession.

La rente italienne a été arrêtée dans son mouvement vers des cours plus élevés par la découverte d’irrégularités graves dans la gestion de quelques-unes des grandes banques d’émission du royaume. La Banque romaine a émis illégalement plus de 60 millions de billets ; un grand nombre de personnages politiques seraient compromis dans ce scandale ; d’importantes arrestations ont été opérées. En même temps la Banque romaine disparaît, absorbée par la Banque nationale ; les deux banques toscanes fusionnent d’autre part avec cet établissement. Enfin, la Banque de Naples est en fort mauvaise posture. L’émotion a été grande dans toute la péninsule ; l’opposition, à la rentrée des chambres, a très violemment attaqué le cabinet Giolitti et réclamé la nomination d’une commission d’enquête. Mais la majorité de la chambre s’est montrée plus sage que ne le faisait présumer l’animosité du débat. Sur la proposition de M. Giolitti, elle a renvoyé à trois mois la question de l’enquête et laissé à la justice le soin de faire la lumière sur les scandales inopinément révélés. Sur ce succès, la rente italienne a repris le cours de 91 francs et reste à 91.15.

Les fonds russes ont revu à peu près leurs anciens cours. Le rouble est très ferme à Berlin, où la présence du tsarévitch à l’occasion du mariage de la sœur de l’empereur Guillaume II a produit une impression très favorable en fortifiant les espérances d’un rapprochement entre les deux souverains d’Allemagne et de Russie et d’un arrangement commercial entre les deux pays. Ces dispositions ont surtout profité à l’emprunt d’Orient, qui s’est relevé de 60 centimes à 67.20, et au 3 pour 100 1891, qui, de 77.85, a été porté à 78.50.

Les valeurs turques se sont légèrement relevées. Les titres de la Dette générale ont gagné 25 à 30 centimes, la Banque ottomane 5 francs.

L’Unifiée d’Egypte a fléchi de 4 à 5 francs, soit de 497.50 à 492.50, sur les incidens qui ont suivi le coup de tête du jeune khédive Abbas-Pacha. Cette baisse n’a pas duré, et l’on cote maintenant 495 à 496.25.

L’Extérieure est en reprise d’une unité et demie à 61.30. Le Trésor a ouvert à Madrid, pour parer aux besoins du moment, une souscription de pagarès pour un montant de 65 millions de pesetas ; il a été souscrit à ce jour environ 45 millions. Quant au déficit budgétaire, il continue de s’accroître sans qu’aucune mesure sérieuse soit prise pour enrayer ce fâcheux développement. D’après la Gazette officielle, l’exercice 1890-1891 a laissé une insuffisance de 75 millions ; le déficit de 1891-1892 atteint 95 millions, et l’on en est à 45 millions pour le