latéraux, cette ligne reliera à la capitale les grands États du Sud, Guerrero, Oajaca, Chiapas, qui sont restés jusqu’ici fort arriérés. Plus tard elle rejoindra les lignes de la péninsule du Yucatan, qui est la partie la plus riche de la république.
Le gouvernement fédéral a dépensé des sommes considérables pour créer ce premier réseau. Les États, — c’est le bon côté de la décentralisation, — s’occupent maintenant avec activité de faire construire les lignes secondaires qui assureront le trafic du réseau central et soumettront tout le pays à l’action civilisatrice de la locomotive.
Plus encore qu’ailleurs les chemins de fer opèrent une véritable révolution économique. Le Mexique n’a pas en effet de cours d’eau navigables, et le relief de son territoire est tel que les canaux à écluses y sont impossibles. Dans un territoire aussi accidenté, les routes terrestres ne pourront jamais être des artères commodes et sûres. Au contraire, les voies ferrées franchissent rapidement des barrières qui jadis arrêtaient longtemps les caravanes. Le fil télégraphique, qui partout les côtoie, assure leur sécurité et double leur efficacité commerciale.
Déjà toutes les relations économiques ont été modifiées. Les marchandises circulent relativement à peu de frais sur les rails et le mouvement commercial extérieur depuis vingt ans a doublé. Les risques du transport des marchandises et des espèces étant très diminués, le change dans l’intérieur du pays n’atteint plus les taux exorbitans qu’il avait autrefois. Il est entre Mexico et les villes situées sur les chemins de fer de 1 à 1/2 pour 100 ; il reste à 6 pour 100 sur San-Cristobal, que la voie ferrée n’a pas encore atteint. Les manufactures, les usines ne se sont pas développées aussi promptement qu’on l’espérait ; mais il y a huit ans à peine que le Central ferrocarril a été ouvert dans toute sa longueur. Sans chemins de fer, les manufactures ne sont pas possibles ; il faut encore autre chose pour les créer.
Jusqu’ici les chemins de fer ont surtout servi à l’accroissement de Mexico, qui, avec les petites villes de sa banlieue, a environ 440,000 âmes. Comme toutes les capitales modernes, elle attire à elle le meilleur des forces du pays. Des villes de province, qui devaient leur mouvement au commerce d’entrepôt, voient décliner cet élément de prospérité et doivent attendre que la production manufacturière se développe dans leur rayon.
Les chemins de fer sont la grande garantie de la sécurité publique et même de la stabilité gouvernementale, autant qu’elle est possible au Mexique. Un pronunciamiento est devenu presque impossible depuis que le chef du gouvernement peut, en trois