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ETUDES ANGLAISES

LA VIE ET LES ŒUVRES DE GEOFFREY CHAUCER

Sous les voûtes de Westminster, dort Sebert le Saxon ; non loin s’élève, entre des colonnes torses privées de leurs mosaïques, la tombe du confesseur, pur spécimen de l’art de Byzance, souvenir de la lointaine époque où la ville des empereurs grecs était encore pour les occidentaux la ville des merveilles et le centre de la civilisation et des arts. Entre ces deux tombes brillent obscurément sous les lueurs que tamise un vitrage pâle les statues dorées des derniers Plantagenets. Ici Richard II, « beau de corps, » dit l’inscription, dépossédé et assassiné par son cousin premier Lancastre ; à ses pieds, son grand-père, le vainqueur de Crécy, Edouard III, la barbe flottante, étalée, non pas sur le costume de guerre qu’il portait dans ses campagnes de France, mais sur la tunique aux larges plis, vêtue pour l’éternel repos. Plus bas, Philippine de Hainaut, la bonne reine, qui sauva, dit-on, les bourgeois de Calais.

À côté de la série des rois, la série des poètes. Des ogives surbaissées, de marbre gris, fleuries de volutes épanouies, marquent le lieu où fut enseveli, dans une solitude qui allait se peupler au cours des siècles et devenir le « coin des poètes, » le premier en date des grands hommes de la littérature anglaise, Geoffrey Chaucer, contemporain, ami, protégé, de Philippine la bonne reine, d’Edouard, héros de Crécy, et de Richard, dernier Plantagenet.