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sable stérile additionné d’un mélange de phosphate de potasse, de chlorure de potassium et de sulfate de magnésie, auquel on ajoutait des doses croissantes de nitrate de chaux. Quand les engrais sont distribués à l’orge, on voit les jeunes plantes, d’abord à peu près semblables pendant les premières semaines de la végétation, tant qu’elles vivent sur les réserves contenues dans la graine, se distinguer un peu plus tard les unes des autres ; celles qui n’ont pas reçu d’engrais azoté présentent alors un état particulier, désigné sous le nom caractéristique de faim d’azote. Lorsque les matériaux de la graine sont épuisés, c’est-à-dire habituellement pendant la formation de la troisième feuille, la plante commence à souffrir, elle continue cependant à végéter à peu près aussi longtemps que les plantes normalement nourries ; elle développe tous ses organes jusqu’aux fruits, mais sous une forme naine ; en réalité, elle n’élabore pas de matière nouvelle, puisque chaque nouvel organe s’accroît aux dépens de la feuille la plus âgée, qui se vide et se dessèche.

Il semble donc que l’orge aussi bien que l’avoine ne puise son azote que dans les nitrates ajoutés au sol stérile ; il en est tout autrement des légumineuses comme les pois ; ces plantes acquièrent souvent un développement normal et parfois exubérant dans un sol entièrement privé d’azote combiné, et contrairement à ce qui arrive pour les graminées, l’augmentation ou la diminution de la proportion de nitrates n’entraîne ni un accroissement, ni un amoindrissement régulier de la récolte.

Jusqu’ici les observations de MM. Hellriegel et Wilfarth ne font que confirmer sous une forme plus précise les anciennes observations de M. George Ville, mais nous touchons au point décisif de la belle découverte des agronomes allemands.

On prépare quarante-deux vases contenant 4,000 grammes de sable, additionné de carbonate de chaux ; on y ajoute une dissolution nutritive renfermant : phosphate de potasse, chlorure de potassium, sulfate de magnésie, on introduit dans chaque vase 2 graines de pois germées. Trente pots sont abandonnés à eux-mêmes, dix autres reçoivent 25 centigrammes de délayure de terre ; dans deux enfin, le sable est, avant l’ensemencement, stérilisé au feu.

La délayure de terre est obtenue en mélangeant une bonne terre arable, de préférence une terre ayant porté l’année précédente une culture de légumineuses, avec de l’eau, laissant reposer quelques instans, de façon à voir surnager au-dessus de la terre le liquide trouble ; c’est ce liquide, cette délayure de terre, qui est versée sur dix vases. L’expérience est commencée le 23 mai. Dans les deux premières semaines de juin, aucune différence entre les