combiné contenu dans les récoltes surpasse de beaucoup l’azote de la graine ? MM. Schlœsing fils et Laurent ne l’ont pas pensé.
Ces très habiles physiologistes ont résolu de mettre hors de doute cette intervention de l’azote atmosphérique, en faisant vivre des plantes dans une atmosphère limitée, mesurée avec une exactitude absolue, pour reconnaître si l’azote de cette atmosphère diminuerait du tait même de la végétation. Si cette diminution avait lieu, on devait retrouver l’azote libre disparu, engagé en combinaison dans le tissu même de la plante. Les deux déterminations se contrôlaient ainsi l’une par l’autre.
L’expérience exigeait une rare dextérité. En effet, il ne suffisait pas de mesurer intégralement les gaz au début et à la fin de l’expérience, il fallait en outre alimenter les jeunes plantes d’acide carbonique aérien, en l’introduisant à mesure des besoins, dans les vases de végétation, il fallait encore extraire l’excès d’oxygène produit par la décomposition de cet acide carbonique ; il fallait enfin savoir exactement quelle était la teneur en azote des graines semées, priver absolument le sable dans lequel elles devaient se développer de tout l’azote combiné qu’il pouvait renfermer, de façon à retrouver dans la récolte un poids d’azote combiné égal ou très voisin de celui de l’azote disparu de l’atmosphère. Malgré toutes ces difficultés, l’expérience réussit d’une façon complète ; dans une des cultures l’azote gazeux disparu représentait 29 cent. cub. 1, pesant 0 gr. 0365, on trouva comme augmentation dans la récolte 0 gr. 0406 ; dans une autre l’azote gazeux disparu représentait 25 cent. cub. 9, pesant 0 gr. 0325, le gain de la récolte fut de 0 gr. 0341.
Enfin comme dernier contrôle, on fit une troisième expérience dans laquelle les pois furent encore semés, mais sans qu’on ajoutât au sol qui les portait les germes provenant de quelques nodosités écrasées. Cette fois les bactéries fixatrices d’azote faisaient défaut, aucun gain ne se produisit. La fixation d’azote fut nulle, ou exactement elle fut de 0 gr. 0006 ; c’est-à-dire bien intérieure à la limite des erreurs que l’on peut commettre dans de semblables recherches.
Quand l’Académie eut entendu la lecture de ce remarquable mémoire, elle s’associa complètement aux paroles de M. Berthelot, déclarant que ce travail met fin à la longue discussion dans laquelle on était engagé depuis des années, en établissant d’une façon définitive la fixation de l’azote atmosphérique par action microbienne.
Les légumineuses fixent l’azote de l’air dans leurs tissus quand leurs racines portent des nodosités à bactéries. Le fait est acquis.