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C’est ce qu’il est facile de vérifier en étudiant les eaux de drainage. — On sait que lorsqu’une terre repose sur un sous-sol imperméable, il est de toute nécessité de provoquer artificiellement le départ des eaux quand celles-ci ne trouvent pas, dans la disposition inclinée du sol, un écoulement naturel ; on procède alors au drainage en creusant dans le champ reposant sur cette couche imperméable une série de fossés, au fond desquels on dispose des tuyaux en terre poreuse fixés, bout à bout, à la suite les uns des autres ; on recouvre les drains avec la terre, l’eau s’infiltre dans les tuyaux poreux et s’écoule dans un ruisseau. Ces eaux, très habituellement chargées de nitrate de chaux, ne renferment ni potasse, ni ammoniaque, ni acide phosphorique.

MM. Lawes et Gilbert ont donné un grand nombre d’analyses des eaux provenant du drainage du champ sur lequel ils ont établi la culture continue du blé. J’ai moi-même consacré plusieurs années à l’étude des eaux de drainage soit de terres maintenues sans végétation, soit plus récemment de terres portant des plantes variées. À l’imitation de ce qu’avait fait déjà M. Berthelot, j’ai adopté pour l’étude du drainage des terres nues une méthode qui permet de varier beaucoup les expériences. J’ai fait construire de grands vases en terre vernissée à l’intérieur ; ces vases sont soutenus par un trépied en fer, au-dessus de flacons dans lesquels s’écoule, par un orifice muni d’un bouchon et d’un tube de verre, l’eau qui a traversé le sol ; on place au fond des vases un lit de cailloux pour assurer l’écoulement, puis au-dessus la terre que l’on veut mettre en expériences. Les vases en renferment 60 kilos environ ; ils se prêtent très bien, ainsi qu’il vient d’être dit, à l’étude des eaux de drainage provenant des terres sans végétation ; mais quand il s’agit des terres cultivées, ils ne donnent plus que des indications incertaines. Nos plantes de grande culture vivent mal dans un cube de terre restreint où leurs racines ne s’étalent pas à l’aise. Le blé, l’avoine, les betteraves, le maïs, le chanvre, sont restés chétifs quand j’ai voulu les semer dans ces vases de faibles dimensions et j’ai dû opérer autrement.

J’ai fait construire au champ d’expériences de Grignon de grandes cases, en ciment imperméable ; elles ont 2 mètres de côté en long et en large et 1 mètre de hauteur, elles présentent donc une capacité de 4 mètres cubes et renferment 5 tonnes de terre ; les récoltes sont excellentes, analogues à celles qu’on obtient en pleine terre. Le fond de ces caisses est incliné d’arrière en avant, creusé en forme de rigole ; à la partie la plus déclive on a ajusté un tuyau de plomb qui envoie les eaux dans de grandes bonbonnes où elles sont recueillies, mesurées et analysées.