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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mai.

La journée du « premier mai, » chargée en 1889 de symboliser, dans les deux hémisphères, l’ensemble des revendications du travail, à l’encontre des prétentions surannées du capital, n’a pas fait preuve d’une très grande longévité ; car elle est morte d’anémie, à son quatrième anniversaire, dans toutes les capitales de l’Europe.

Ce n’est pas que l’ensemble des réclamations incarnées par ce premier mai disparaisse, ni que la question sociale soit enterrée, ou même endormie. Au contraire, nos assemblées délibérantes, nos pouvoirs publics, n’ont cessé de s’en occuper sous diverses formes durant la dernière quinzaine : tandis que le sénat examinait la loi sur l’assistance médicale gratuite et que le gouvernement publiait un règlement administratif sur la protection des enfans et des femmes dans les établissemens industriels, la chambre légiférait successivement, — point n’est besoin de dire avec quelle conviction et quelle méthode, — sur la participation aux bénéfices, sur les ouvriers étrangers, sur le crédit agricole et sur les sociétés coopératives. Il faut bien faire quelque chose pour combler les vœux d’électeurs que l’on va prochainement solliciter. Le courant d’ailleurs est général, puisqu’à la même heure le parlement d’Angleterre discutait la responsabilité des patrons vis-à-vis de leurs ouvriers et que le bill sur les huit heures de travail dans