L’étude de la vie privée chez nos aïeux est une recherche entièrement moderne ; elle date à peine d’un siècle. Elle est contemporaine de la nouvelle école historique et la conséquence de son programme. Du jour où Augustin Thierry a poussé le cri d’alarme : « la croyance historique est toute à refaire, » une génération neuve, ardente, convaincue, s’est lancée à la découverte, rejetant les interprétations et les à-peu-près littéraires, et résolue à reprendre le passé dans ses fondemens, à fouiller le sol jusqu’au tuf, pour extraire enfin la vérité historique de ses élémens natifs, les documens originaux.
Et pendant que l’historien bouleversait les bibliothèques, les archives et les chartriers, l’amateur à son tour explorait les fermes, les châteaux, les sacristies, et faisait sortir de terre tous ces menus objets de la vie privée, meubles, armes, tapisseries, ustensiles de culte, de table ou de toilette, dédaignés par les chercheurs d’autrefois, et qui allaient devenir le commentaire saisissant et tangible des documens écrits.