retentissement. La perturbation qu’elle a jetée sur la place de Londres a provoqué immédiatement une baisse sensible sur tous les fonds internationaux.
L’Inde est un pays à étalon d’argent qui subit, en ce qui concerne son développement économique, les conséquences, le plus souvent fâcheuses, dérivant de la baisse continue du métal argent et des fluctuations incessantes du change. La dépréciation croissante de la rupee, monnaie nationale argent, inflige des pertes considérables, d’une part au gouvernement tenu d’acquitter en or une partie de ses dépenses, de l’autre à tous les fonctionnaires de l’Hindoustan, dont les émolumens, payés en rupees, représentent, pour chaque fraction de baisse dans le prix du métal, une somme moindre. L’année dernière, une pétition fut adressée au parlement anglais à la suite d’une agitation organisée par l’Association monétaire de l’Inde. La pétition dénonçait les maux incalculables infligés par la baisse du métal argent, et déclarait que cet immense empire, si l’on ne trouvait promptement un remède à la situation, était menacé d’un désastre financier et commercial. Quant au remède proposé, il consistait dans la suspension du monnayage des rupees d’argent. C’est la solution à laquelle le gouvernement de Calcutta, après plusieurs mois d’études, a fini par s’arrêter.
Il s’agit maintenant de savoir si le gouvernement de l’Hindoustan entend suspendre seulement la liberté de la frappe de l’argent pour les particuliers, se réservant le droit de monnayer le métal blanc selon l’opportunité, ou arrêter entièrement la frappé et établir l’étalon d’or. En ce dernier cas, la situation de la rupee dans l’Inde deviendrait exactement celle de la pièce de 5 francs en France ; elle prendrait une valeur fixe et servirait comme un agent excellent et stable de circulation pour les transactions intérieures. Même avec un monnayage facultatif pour l’État, celui-ci usant de son droit avec modération, la rupee pourrait conserver une valeur stable. On évalue à 250 millions de livres sterling (plus de six milliards de francs) le total de la monnaie d’argent circulant dans l’Inde, mais il ne faut pas oublier que cette masse monétaire sert aux besoins d’une population de plus de 250 millions d’habitans.
L’argent, ne pouvant plus être importé dans l’Inde, doit baisser encore plus de prix, et en effet la cote du métal à Londres a fléchi dès le premier jour à 37 pence l’once. Les cours variaient depuis longtemps entre 38 et 60 pence. Mais la baisse ne s’est pas arrêtée là. Le 29, on cotait 32 pence, ce qui représente une dépréciation de plus de 45 pour 100 du métal argent et réduit à un peu moins de 3 francs la valeur intrinsèque de notre écu de 5 francs.
Cette énorme dépréciation sera sans doute suivie d’un relèvement immédiat, mais qui ne pourra être durable, car un autre danger