Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« sanguin. » Nous ne parlons pas du sanguin nerveux, mais de ces sanguins chez qui la réaction nerveuse, quoique prompte, est peu durable et peu intense. Dans la pratique, ce tempérament offre toujours quelque mélange et quelque correctif ; nous allons le déduire, en sa pureté tout abstraite, de nos principes généraux.

Chez le sensitif sanguin, les globules sont nombreux et rutilans dans les capillaires, tandis que chez le tempérament appelé par convention « bilieux, » qui est un type opposé et actif, les globules sont plus rares et d’une teinte plus sombre. Or, Claude Bernard a constaté que le degré d’avidité du sang pour l’oxygène résulte de la rapidité avec laquelle ses globules abandonnent leur oxygène aux tissus et se désintègrent ; en outre, cette rapidité plus ou moins grande se manifeste par la coloration plus ou moins noire du sang. Chez le sanguin, le sang n’est pas noir, mais rouge ; donc les globules n’abandonnent aux tissus qu’une portion restreinte de leur oxygène, et le sang reste fortement oxygéné. Donc encore, ajouterons-nous, il y a chez le sanguin prédominance de l’intégration sur la désintégration, qui demeure peu profonde.

On sait que le teint du visage et du corps est produit par la transparence du sang à travers la peau et par les pigmens, où l’on a reconnu des produits de désintégration. Un sang fortement intégré et oxygéné est rouge : le teint du sanguin doit donc être, en moyenne, rosé et fleuri. D’autre part, la désintégration n’étant pas active, les pigmens sont moins abondans et moins colorés : la peau doit donc être généralement blanche. La couleur des cheveux, pour la même raison, sera plus souvent claire que très sombre (nous ne parlons jamais que des moyennes). De même pour les yeux, dont le pigment peu foncé amènera de préférence la nuance bleue. Le cou sera plus généralement court et large, à cause de la forte nutrition et de la circulation abondante. La tête, pour la même raison, n’ira pas en s’amincissant par le bas, et elle sera plus souvent ronde ou carrée ; le nez sera fort et large. Le corps tout entier aura l’apparence d’un organisme bien nourri et même trop nourri. On voit que nous rattachons tous les signes extérieurs au même principe de la prédominance d’intégration, qui, psychologiquement, entraîne la direction sensitive plutôt qu’active.

Maintenant, cet excès général de nutrition et de circulation ne peut pas ne pas retentir sur le système nerveux. Henle prétend qu’il y a chez le sanguin une tonicité des nerfs très élevée ; mais il n’a pas distingué le ton des nerfs sensitifs et celui des nerfs moteurs. Cette distinction est pourtant capitale. En effet, l’excès même du mouvement nutritif dans l’organisme entier entraîne une réparation trop rapide dans les nerfs sensitifs, si bien que le mouvement de dépense,