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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/290

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Il en résulte, chez les sanguins, ce fonds d’humeur enjouée qu’on a toujours constaté. Comme ils glissent volontiers sur tout et que tout glisse sur eux, le sérieux des choses leur échappe : ils n’en cueillent que la fleur.

Au point de vue de l’activité, le sanguin léger en a une généralement superficielle et mobile. Selon la fine remarque de Kant, le travail le fatigue et il est toujours occupé, mais à ce qui est pour lui un jeu, parce que c’est là un changement et que la constance dans l’effort n’est pas son affaire.

Mettez un homme de ce genre en relation avec d’autres hommes, quels sont les sentimens qui, abstraction faite de sa volonté et de son intelligence, tendront chez lui à prévaloir par nature : les bienveillans ou les malveillans ? Tous les observateurs ont remarqué que les tendances bienveillantes dominent, pourvu qu’on entende par là une bienveillance un peu de surface, qui entraîne un bon mouvement instinctif, mais non, à elle seule, la bienfaisance durable et profonde. Quel en est le motif ? C’est que l’homme aux sentimens prompts aura aussi une sympathie prompte, puisque la sympathie est la vive représentation de ce que sentent les autres, entraînant chez nous-même un sentiment analogue. C’est un phénomène d’induction nerveuse, et les nerfs du sanguin sont immédiatement électrisés par induction. Il est vrai qu’il aura aussi une antipathie prompte, mais l’antipathie est un de ces sentimens dépressifs qui obligent à se replier sur soi et qui, en somme, sont désagréables. Or, la pente du sanguin est vers les sentimens excitans et « dynamogènes, » qui font aller de l’avant et, en définitive, apportent des plaisirs. Il sera donc plus enclin aux mouvemens de sympathie qu’à ceux d’antipathie. Mais, s’il n’a pas fait l’éducation de son caractère, sa sympathie n’aura pas beaucoup plus de durée ni de consistance que ses autres sentimens ; profitez-en sur l’heure : vous risquez de ne pas la voir se traduire plus tard en dévoûment effectif. Le sanguin léger ne se tourmente guère pour ses propres affaires ; comment se tourmenterait-il pour les vôtres ? Il rejette volontiers les fardeaux de la vie. C’est pour cela aussi que, chez lui, les promesses sont faciles et magnifiques ; il ne lui en coûte que de les faire et, au moment où il les fait, il en est pénétré : son imagination voit en tout le facile et l’agréable. Par malheur, il ne réfléchit pas s’il pourra tenir ce qu’il promet ; quand donc il s’agira de l’accomplir, ce sera une autre affaire : nouvelles pensées, nouveaux soucis. Les mêmes raisons expliquent un autre trait de ce caractère : « il est mauvais débiteur et demande toujours des délais, » dit Kant ; c’est qu’emprunter avec l’intention de rendre est facile ; mais rendre, voilà qui exige un dessein