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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/678

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côté, hybrider entre eux les cépages déjà connus pour indemnes, jusqu’à ce qu’on ait mis la main sur un type réfractaire à la chlorose,

La double question étant posée dans ces termes, les solutions les plus diverses n’ont pas manqué. MM. Couderc, d’Aubenas, de Grasset, de Pézenas, Millardet, de Bordeaux, ont hybride le Rupestris, un peu moins exigeant que le Riparia, avec de vieux cépages français, d’abord avec le colombeau, hôte des terrains secs, pierreux et calcaires, puis avec l’aramon du Midi et d’autres variétés encore. M. Pierre Viala, professeur à l’Institut national agronomique, recommande le Vitis Berlandieri comme croissant aux États-Unis dans des sols passablement calcaires. Il ajoute que l’immunité phylloxérique du Berlandieri est des plus rassurantes pour l’avenir. Tout serait parfait si ce Berlandieri daignait reprendre de bouture lorsqu’on cherche à le multiplier par segmentation. Enfin d’autres viticulteurs, parmi lesquels M. George Couderc déjà cité, ont croisé entre eux des cépages exotiques tels que le Riparia avec le Rupestris, et ont ainsi réalisé des variétés nouvelles qui très souvent résistent sensiblement mieux à la chlorose que leurs parens de race pure. Tel est à peu près l’état actuel de la première question dont se soit occupé le congrès.

Tout le monde est d’accord sur les causes de la chlorose. La maladie dérive, comme nous l’avons indiqué, de la présence du calcaire dans le sol ou dans le sous-sol. Il est clair cependant que l’analyse brute d’une terre ne saurait fournir une notion parfaitement juste de sa nocivité. A priori, rien n’est plus facile, même pour un chimiste peu exercé, que d’en apprécier le titre en calcaire. Prenez un échantillon moyen obtenu en mélangeant plusieurs échantillons particuliers empruntés à la terre que vous étudiez. Séparez les gros cailloux au tamis ; broyez le restant ; prenez un poids fixé d’avance de terre fine et traitez-le par une quantité convenable en léger excès d’un acide dilué de force connue : l’acide nitrique étendu, en pareil cas, constitue le meilleur réactif. Un bouillonnement ou une effervescence caractéristique se produit ; c’est le gaz carbonique qui s’échappe. Lorsque les bulles ont cessé de se dégager, l’opération est terminée. Quant à la dose d’acide surabondante, un simple titrage alcalimétrique la fait connaître. Le poids du réactif qu’a absorbé la terre est donc fixé « par différence ; » ce poids est exactement proportionnel à la richesse en calcaire.

Toutefois, le calcaire diffusé dans le sol est par lui-même incapable de nuire à la vigne, vu son insolubilité qui empêche les radicelles de l’absorber. Il faut, pour le rendre assimilable, l’intervention d’agens étrangers ; par exemple, la présence de l’acide