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III.

Débarrassons-nous, et sans regret, d’une énumération affligeante que nous avons encore largement abrégée, comme le témoignent très bien les gelées de ce printemps et les grêles de cet été. L’heure des vendanges dans le Midi est enfin sonnée. S’ils veulent bien se reporter à notre travail sur les grandes exploitations agricoles de l’arrondissement de Montpellier[1], les lecteurs de ce recueil pourront se faire une idée de cette opération, entrevue par son côté pittoresque plutôt que par son côté technique, mais la question est si vaste, le sujet si intéressant, et depuis trois années ce même sujet s’est tellement compliqué que l’on nous pardonnera si nous ramenons le lecteur dans les vastes caves du Midi de la France, et si, élargissant ensuite notre base, nous abordons l’examen des procédés de vinification. effectivement, ces procédés généraux ont amené, au sein des commissions et des congrès, d’intéressantes discussions.

Les raisins une fois détachés de la souche par les vendangeuses armées de ciseaux, si la végétation n’est pas trop forte, de sécateurs ou de serpettes dans le cas contraire, s’accumulent dans des seaux en métal de façon à pouvoir être sans inconvénient froissés et écrasés, ne fût-ce que sous l’influence de leur propre poids. On accumule les contenus de plusieurs seaux dans des « banastons » ou « cornues, » sortes de vases en bois cerclés de fer que le « porteur » charge sur sa tête protégée par un grossier coussin garni de paille. On a reconnu que la forme ovale du banaston favorisait la décharge, soit dans la comporte, soit dans le tombereau.

Ici deux écoles se trouvent en présence : dans certaines régions, dans certains cas, le véhicule qui charrie les raisins du vignoble aux caves transporte un récipient unique, « la pastière » ou tombereau de vendange, tantôt il voiture une série de « comportes » ou baquets.

Les tombereaux de vendanges s’emploient depuis longtemps dans le territoire de Montpellier, et leur usage exclusif tend à se généraliser, surtout dans les grandes exploitations. Autrefois, ils constituaient de gigantesques auges en bois dont la pesanteur chargeait les attelages d’un poids mort considérable. À présent ce sont de légers récipiens à parois de toile maintenues par un simple cadre en bois. Mais les perfectionnemens vont plus loin : aujourd’hui, la plate-forme du tombereau porte des rails mobiles, et la pastière

  1. Voyez la Revue du 15 avril 1891.