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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/932

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huître portugaise filtrait un volume d’eau près de six fois et une moule de taille moyenne, un volume trois fois aussi considérable que celui filtré et épuisé par une gravette. Dans la lutte pour l’existence, la portugaise et la moule, l’une et l’autre sans valeur commerciale, ont donc une activité et une puissance très supérieures à celles de la gravette véritablement précieuse. Celle-ci est donc obligée de succomber, et il devient, comme nous le disions, absolument indispensable de la débarrasser de ses concurrentes. On admire cette science simple, ingénieuse et d’une si grande portée théorique et pratique ; elle seule peut indiquer d’une façon sûre les améliorations à introduire dans l’exploitation industrielle de la mer.

La pêche se fait, à Arcachon, par des pêcheurs dans des embarcations qui leur appartiennent ; beaucoup sont déjà concessionnaires d’un parc et utilisent ainsi les loisirs que leur laisse l’ostréiculture. C’est la petite pêche. La grande pêche a lieu dans les bassins à poissons ; au large avec le chalut et sur des bateaux à vapeur.

Les bassins ou viviers permettent de recueillir le poisson, de le conserver en captivité en lui offrant une abondante nourriture de manière à pouvoir le récolter à volonté dans les momens où sa vente est d’un prix particulièrement avantageux. Le système était en usage du temps des Romains. Au bord du bassin, on a transformé en viviers les anciens marais salans dont les revenus étaient rendus irréguliers par suite des variations du climat. Ils consistent en bassins peu profonds tapissés d’une zostère, la ruppelle, séparés par une digue de la mer avec laquelle ils communiquent au moyen d’un chenal fermé par une double vanne. En marée haute, vers les mois d’avril et de septembre, on laisse pénétrer l’eau et le menu fretin destiné à grandir. Pendant la majeure partie de l’année, on change l’eau à intervalles réguliers en laissant écouler l’ancienne et rentrer de la nouvelle eau chargée de matière nutritive pour l’alimentation des prisonniers ; elle amène encore dans les réservoirs des quantités considérables de petits poissons. On parvient à ces résultats par la manœuvre de vannes et en tenant compte de cette particularité que le poisson remonte toujours le courant. Les réservoirs ont conservé pour la plupart l’aspect des marais salans qu’ils ont remplacés, en bassins juxtaposés, entourés de digues basses et en communication les uns avec les autres par d’étroites ouvertures. Ils se trouvent principalement du côté de Lanton, d’Audenge, à l’embouchure de la Leyre, non loin de la Teste, et il en existe aussi sur la rive opposée, entre la Villa algérienne et le phare.

La pêche au large donne lieu à une industrie très active sous